Carrières enseignantes au prisme du genre : Le cas vaudois (XIXe-XXe siècles)

Abstract

Cette thèse retrace, de 1806 à 1967, la manière dont le genre, mobilisé à la fois comme cadre d’analyse et comme outil critique, façonne les carrières enseignantes dans le canton de Vaud. Combinant socio-histoire et micro-histoire, elle s’appuie sur un large corpus de lois scolaires, débats parlementaires, annuaires de personnel, registres salariaux, dossiers administratifs ainsi que des sources journalistiques conservés aux Archives cantonales vaudoises et à la Ville de Lausanne. Trois périodes sont distinguées : des carrières limitées jusqu’à la fin du XIXᵉ siècle, une ouverture relative entre 1889 et 1920, puis un retour à la fragilisation malgré les mobilisations pour l’égalité. En articulant prescriptions institutionnelles, pratiques locales et expériences individuelles, la thèse révèle les mécanismes par lesquels l’école, lieu proclamé d’émancipation, a reproduit puis, progressivement, contesté des hiérarchies sexuées, jusqu’à l’abolition des discriminations salariales dans la fonction publique vaudoise en 1967. Elle propose ainsi une lecture renouvelée de l’histoire professionnelle enseignante vaudoise et ouvre la voie à des comparaisons intercantonales et internationales.

This thesis examines how gender, employed both as an analytical framework and a critical tool, shaped teaching careers in the canton of Vaud from 1806 to 1967. Combining approaches from socio-history and micro-history, the study is based on an extensive corpus of sources, including educational legislation, parliamentary debates, staff directories, salary records, administrative files, and journalistic materials preserved in the Vaud Cantonal Archives and the City of Lausanne. The analysis identifies three main periods: severely constrained career paths up to the late 19th century; a phase of relative professional opening between 1889 and 1920; and a return to precarity, despite increasing mobilizations for gender equality. By linking institutional norms, local practices, and individual trajectories, the thesis reveals how the school system—officially framed as a space of emancipation—reproduced, and then gradually contested, gendered hierarchies. These dynamics culminated in the abolition of wage discrimination in Vaud’s public sector in 1967. The research offers a renewed understanding of the professional history of teaching in Vaud and lays the groundwork for comparative studies across cantonal and international contexts.