Analyser l’engagement des actrices et acteurs d’un système d’EEE. Le cas de la HEP Vaud en Suisse

Abstract

La littérature a maintes fois souligné la nécessité de négocier le système d’évaluation des enseignements avec l’ensemble des acteurs concernés, direction de programme, enseignants, étudiants (Bernard, 2011 ; Antille et al., 2016), sous peine de voir le développement du processus entravé par le manque de sens qui lui est attribué (Moghaizel-Nasr, 2023). A la HEP Vaud, une institution suisse de formation d’enseignants, un examen de la situation en 2019 a montré une large utilisation de l’EEE (Thurre & Ricciardi-Joos, 2020) : 65% des étudiants y participent, 83% des enseignants ont reçu des résultats au moins une fois, le retour des étudiants est perçu comme constructif (76%) et pertinent (71%), les résultats sont jugés utiles (75%), discutés avec les collègues (73%), mis en lien avec d’autres sources de feedback sur l’enseignement (58%), et ont amené 86% des enseignants à apporter au moins une fois des changements dans leur enseignement.

Nous ignorons néanmoins quelles sont les postures et représentations des acteurs dans un système peu négocié, où une copie des résultats est adressée aux responsables du pilotage, avec obligation de rendre compte à la direction de la formation. Pour les enseignants, la démarche pourrait être associée à un instrument de contrôle institutionnel. D’autant plus que l’EEE, restreinte aux seuls modules de formation (cours et séminaires donnés à la HEP), a été dévolue à une unité de service rattachée à la direction de la formation.

Plusieurs chantiers ont été mis en œuvre pour rendre le système plus transparent et favoriser les interactions autour du processus : prise en compte des objectifs de développement et de pilotage, déploiement de l’évaluation des programmes de formation et de la formation pratique (stages),développement de l’offre d’enquêtes personnalisées et confidentielles à la demande des enseignants, création d’un groupe consultatif EEE impliquant des responsables du pilotage, des représentants des étudiants et des enseignants, création d’un groupe de travail pour l’évaluation de programmes ; mise en consultation d’une charte EEE ; hébergement des données dans l’institution, nouvelle procédure de sélection des modules et implication des responsables du pilotage des programmes dans la communication.

Ce travail est actuellement en cours. La question est de savoir ce qui change dans les représentations des enseignants. Une nouvelle prise de données, après celle de 2019, est prévue en septembre 2023, qui comprendra : - un questionnaire auprès des enseignants dont le module aura été évalué au printemps 2023 au moyen d’un nouveau questionnaire, davantage négocié, dans un cadre plus clair, appuyé par des informations en ligne qui n’existaient pas auparavant ; - un focus group avec les responsables du pilotage des programmes à propos des réponses recueillies auprès des enseignants.

En accord avec la littérature citée, nous faisons l’hypothèse que l’implication des parties prenantes conduit à un meilleur engagement des enseignants, à une meilleure compréhension du processus et à un usage au moins équivalent des résultats.

Références

Antille, M., Schaub, M., & Sylvestre, E. (2016). Évaluer un enseignement par questionnaire et analyser les résultats. In A. Daele & E. Sylvestre (Éds.), Comment développer le conseil pédagogique dans l’enseignement supérieur ? (pp. 189–204). De Boeck Supérieur. Bernard, H. (2011). Comment évaluer, améliorer, valoriser l’enseignement supérieur ? De Boeck. Moghaizel-Nasr, N. (2023). Freins et leviers relatifs à la question du sens dans l’évaluation des programmes de formation. Conférence de l’ADMEE-Europe, 16 mars 2023. Thurre, F. & Ricciardi-Joos, P. (2020). Un dispositif institutionnel d’évaluation des enseignements par les étudiants comme levier de soutien au développement professionnel des enseignants ? Communication au colloque de l’ADMEE, Janvier 2020, Casablanca.