Comprendre les conflits à travers la transaction sociale et l’économie des grandeurs, l’exemple de la Nouvelle-Calédonie

Abstract

Qu’est-ce qui, dans un conflit dit « interculturel », relève réellement de la « culture » ? De nombreuses études portant sur les conflits tentent de réduire l’incertitude qui leur est associée en concevant les cultures comme des variables indépendantes agissant sur les (groupes d') individus impliqués. Cette conception comprend le risque de réduire la variété des façons dont les individus affiliés aux groupes considérés adhèrent, ou non, à la pluralité des oppositions organisant le conflit. Pour cette communication, je m’appuierais sur le cadre d'analyse de la transaction sociale et celui de l'économie des grandeurs. J’analyserais des extraits d’entretiens compréhensifs réalisés avec des personnes engagées à des niveaux divers dans un conflit spécifique : celui opposant, entre 1984 et 1989, le front de libération indépendantiste kanak et socialiste et le front loyaliste (pro-français), en Nouvelle-Calédonie. Ma communication viserait à développer une réflexion autour des questions suivantes: lors d'un conflit, de quoi sont faits les termes de l'opposition? Comment ces termes, pris ensembles, consolident-ils les processus d'inclusion/exclusion présidant aux catégories ethniques? Comment les individus se positionnent-ils par rapport à ces termes pris séparément et sur quelles justifications se basent-ils pour argumenter ce positionnement? Que font-ils lorsque leurs positions remettent en question et/ou entrent en concurrence avec ce qui est communément considéré comme « bien », « bon » ou « juste », par le groupe auquel ils s’identifient? Quelles influences cette remise en question a-t-elle sur les relations de ces individus à l'autre groupe?