L'expérience de la mobilité culturelle comme source d'autoformation et de transformation.

Abstract

Notre recherche s’inscrit dans le contexte de la formation initiale des enseignants primaires à la Haute école pédagogique du canton de Vaud en Suisse et plus particulièrement dans le cadre d’un module d’échange interculturel (PEERS) entre la Suisse et l’Italie (Université de Bologne). A travers l’appréhension de systèmes éducatifs comparés et la découverte de l’altérité, ces projets PEERS qui engagent chaque année une dizaine d’étudiants suisses et italiens a pour objectif de développer le capital de mobilité des futurs enseignants en formation afin de le rendre opérationnel en classe. La thématique éducative principale est la question de l’accueil et de l’intégration de la pluralité culturelle des élèves.

Les étudiants engagés dans ces projets sont encouragés à prendre une posture méta sur leur expérience de décentrement par le biais de l’écriture réflexive dans leur carnet de voyage en partant de leur expérience de l’altérité pour la transposer dans leurs gestes professionnels et leur construction identitaire en tant que futurs enseignants. Cette expérience de mobilité relatée par le biais de l’écriture biographique est ensuite retravaillée dans la rédaction d’un rapport final à leur retour de voyage qui permet de rendre compte des transformations opérées dans leur posture professionnelle.

Ecrire est donc autant un retour sur ses expériences qu’un voyage en soi qui émaille la construction identitaire des étudiants, l’accompagne et donne à voir les changements opérés chez ces futurs professionnels. Appréhendée comme un voyage biographique, l’écriture réflexive permet aux étudiants des incursions dans leur « géographie » personnelle et représente une occasion de mettre en évidence des processus d’altération dans le sens de transformation de l’identité tout en générant des effets d’autoaccompagnement et d’autoformation à visée émancipatrice.

Pour cette contribution, nous souhaitons mettre en évidence la dimension biographique inhérente à ce dispositif de formation où l’expériences devient source d’apprentissage. Notre recherche consistera à analyser, selon une méthode qualitative, les apports de la démarche écriture d’un journal de voyage insérés dans dix rapports finaux d’étudiants rédigés au terme de leur expérience d’échange interculturel.

A partir de l’analyse de ces rapports, selon le modèle d’une recherche- action-formation, nous désirons questionner en quoi la démarche biographique a-t-elle un effet formateur et transformateur sur l’évolution professionnelle de ces futurs enseignants ainsi que sur leur identité professionnelle. Nous désirons ainsi mettre en évidence les rapports entre biographie et apprentissage ainsi que l’impact de la démarche biographique sur les horizons socioculturels de nos étudiants.

Notre hypothèse de départ postule que l’utilisation d’une écriture réflexive à forte dimension biographique a des effets de conscientisation et de réappropriation de l’expérience, mis aussi en évidence par certains auteurs des histoires de vie, tels que Dominicé ou Pineau. L’expérience subjective peut ainsi devenir un outil d’autoformation et favoriser un pouvoir d’apprendre ainsi qu’un pouvoir d’émancipation chez les futurs enseignants.