La comparaison sociale en contexte scolaire et son association au concept de soi académique chez des élèves de suisse romande.
Social Comparison in School context and its association with academic self-concept among French-speaking Swiss pupils.
Type de référence
Date
2019-09Langue de la référence
FrançaisEntité(s) de recherche
Résumé
Introduction : L’environnement scolaire et le groupe-classe offrent aux élèves de nombreuses opportunités de se comparer (Buunk, Kuyper & Van der Zee, 2005). La comparaison sociale en contexte scolaire peut se définir comme le fait qu’un élève se compare à ses pairs afin d’obtenir des renseignements sur ses propres compétences perçues (Bouffard, Pansu, Boissicat, Vezeau, & Cottin, 2014), voire de les moduler. Elle serait une des sources d’informations les plus importantes concernant la perception des compétences (Bandura, 1986). Selon Bouffard et al. (2014), l’interprétation des informations issues de ce processus sera fonction de la direction (ascendante vs. descendante) et de la position (identification vs. différenciation) prise envers les cibles de comparaison choisies. De plus, le choix de la cible aurait également une influence sur les émotions ressenties par les élèves suite au processus de comparaison sociale (Buunk et al., 2005). Ainsi, puisque la comparaison sociale semble impacter le fonctionnement des élèves (Bouffard et al., 2014), il apparaît pertinent de supposer qu’elle peut également avoir une influence sur leur concept de soi académique (CS-A), défini ici comme l’évaluation personnelle et subjective de leurs propres capacités dans le domaine scolaire. L’objectif de la présente étude est donc d’explorer les différents processus de comparaison sociale en milieu scolaire et ses possibles liens avec le CS-A des élèves.
Matériel et Méthode : Le protocole a été distribué dans six classes, issues de cinq établissements d’un canton de suisse romande, durant les années scolaires 2017-2018 et 2018-2019. Après suppression de 10 observations présentant des données aberrantes (outliers), l’échantillon final se compose de 121 élèves (46,3% de filles ; âge moyen = 10,49 ± 0,96). Les niveaux concernés correspondent aux classes de CM1 (30% ; deux classes), CM2 (51% ; trois classes) et 6ème (19% ; une classe) du système éducatif français. Les participants ont complété en classe le questionnaire de comparaison du soi scolaire (QCSS ; Bouffard et al., 2014), ainsi que les 7 items du CoSoi évaluant le CS-A (Bless, Bonvin, & Schuepach, 2005).
Résultats : Les seuls prédicteurs significatifs du CS-A sont la différenciation ascendante et l’identification descendante, qui permettent d’expliquer 24% de la variance totale. Une analyse en cluster, classant correctement 93,4% des participants, a permis de retenir trois groupes bien distincts. Le premier se caractérise par un niveau faible de comparaison sociale et un CS-A élevé (n = 54 ; 50% de filles ; µ = 3,21 ± 0,48) ; le deuxième par un niveau moyen d’identification ascendante et un CS-A élevé (n = 24 ; 42% de filles ; µ = 3,17 ± 0,38) ; et le troisième par un niveau élevé de comparaison sociale et un CS-A intermédiaire (n = 43 ; 44% de filles ; µ = 2,84 ± 0,39). Les résultats de l’Anova, appuyés par le test post-hoc de Tukey, ont indiqué des différences significatives au niveau des scores de CS-A (F(2,118)= 9,82, p < 0,001 ; f = 0,38), le troisième groupe présentant des scores significativement inférieurs aux deux autres.
Discussion ou description des problématiques exposées : Les différentes analyses soulignent que l’identification ascendante n’a pas nécessairement une influence positive sur le CS-A (puisque les moyennes entre le premier groupe et le deuxième groupe sont comparables). Les processus les plus problématiques sont la différenciation ascendante (l’élève se différencie d’un autre élève jugé fort) et l’identification descendante (l’élève s’identifie à un autre élève jugé faible). De plus, ce serait les élèves qui auraient le plus recours à la comparaison sociale au sein de leur classe qui présenterait le un concept de soi académique inférieur à leurs camarades. Néanmoins, il est probable que les élèves se comparent à plusieurs cibles très différentes durant l’année scolaire en utilisant différents processus. Une étude longitudinale permettrait de savoir si c’est réellement la comparaison sociale qui influence la perception de soi, ou l’inverse, tout en contrôlant l’effet de performance scolaire de l’élève.
Références
Bandura, A. (1986). Social fondations of thought and action: A social cognitive theory. Englewood: Prentice Hall.
Bless, G., Bonvin, P., & Schuepbach, M. (2005). Le redoublement scolaire : Ses déterminants, son efficacité, ses conséquences. Bern : Haupt.
Bouffard, T., Pansu, P., Boissicat, N., Vezeau, C., & Cottin, F. (2014). Questionnaire de la comparaison de soi scolaire pour enfants et adolescents. Canadian Journal of
Behavioural Science / Revue canadienne des sciences du comportement, 46(2), 84–94. doi: 10.1037/a0028429
Buunk, B. P., Kuyper, H., & Van der Zee, Y. G. (2005). Affective response to social comparison in the classroom. Basic and Applied Social Psychology, 27, 229–237. doi: 10.1207/s15324834basp2703_4
Evaluation par les pairs (peer reviewing)
ouiNom de la manifestation
60ème Congrès annuel de la Société Française de Psychologie (SFP)Date(s) de la manifestation
4-6 septembre 2019Ville de la manifestation
PoitiersPays de la manifestation
FrancePortée de la manifestation
nationaleURL permanente ORFEE
http://hdl.handle.net/20.500.12162/3557Autre(s) URL(s) permanente(s)
http://doi.org/10.1037/a0028429Document(s) associé(s) à la référence
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