Vers une école inclusive : regards croisés d'étudiant·e·s

Abstract

L'éducation inclusive est une priorité internationale largement soutenue par des organisations comme l'UNESCO (2005, 2009, 2017) et cet engagement est repris par de nombreux pays à différents niveaux d'achèvement. La Suisse a pour sa part adopté un Accord intercantonal sur la pédagogie spécialisée (CDIP, 2007) qui invite les cantons à donner la priorité aux solutions intégratives sur les solutions séparatives et le Conseil supérieur de l'éducation du Québec recommande que l'école s'inscrive résolument dans une visée inclusive (2017). Dans les faits, les pratiques scolaires vaudoises et québécoises sont encore souvent fondées sur des approches séparatives. L'organisation scolaire a sa part de responsabilité pour remédier à ce constat, mais la formation des enseignants a également un rôle à jouer comme l'a relevé l'Agence européenne pour les besoins spéciaux et l'éducation inclusive (2011a, 2011b). Cependant, la recherche en éducation indique clairement que la formation offerte aux étudiantes et étudiants ne suffit pas à les préparer à relever les défis de l'hétérogénéité dans les classes ordinaires (Santangelo et Tomlinson, 2012). Pour être efficace, le développement professionnel des enseignants doit porter sur des problèmes réels d’enseignement apprentissage (Guskey, 2002). Dans ce projet, 12 étudiants (6 de chaque pays) ont choisi un angle de travail en équipe à partir duquel ils ont observé, documenté et conceptualisé la pratique d’enseignants en contexte de diversité. Ils ont également cherché à en comprendre le sens et les effets sur l’apprentissage des élèves (Guskey, 2002, Hiebert, Morris, Berk, & Jansen, 2007). Encadré par quatre formateurs, les étudiants ont été accueillis par une dizaine d’enseignants dans différentes écoles de Montréal et du canton de Vaud pour une période d’une semaine par séjour. Ils se sont appuyés sur un journal de bord numérique pour produire des capsules vidéos documentant ce qu’ils ont appris durant le projet. Ces capsules intègrent une approche critique et responsable de l'enseignement face aux réalités complexes se cachant sous le vocable d’inclusion scolaire. De plus, les étudiants ont développé des compétences de communication dans le domaine numérique. Celles-ci sont particulièrement importantes pour les jeunes enseignants qui utilisent quotidiennement les réseaux sociaux notamment comme une source d'information importante. Finalement, ils ont dû faire face aux défis posés par leurs différences culturelles masquées sous une langue commune. Cette démarche les a ancrés dans une perspective d'éducation comparée en la vivant concrètement. Le but de cette démarche était de placer les étudiants en tant qu'acteurs engagés dans la transformation de l'éducation et de la formation des enseignants. Nous avons en effet pu constater que, si les étudiants sont amenés à se positionner comme des professionnels et non comme de simples apprenants, les postures développées en formation auront plus de chance de perdurer dans les premières années de pratique (Noël & Ramel, 2017).