La contribution de l’institution scolaire dans la constitution de dispositions contradictoires chez les élèves de milieu populaire. L’exemple des difficultés d’apprentissage de la lecture

Abstract

Cette communication vise à rendre compte du rôle de l’institution scolaire dans l’élaboration, le renforcement ou l’inhibition de dispositions cognitives et politiques chez les enfants de milieux populaires. L’objectif est d’éclairer les pratiques à travers lesquelles l’école intervient dans la constitution d’un rapport au savoir et au pouvoir spécifique et de considérer dans quelle mesure ces pratiques entrent ou non en contradiction avec les modes populaires de socialisation familiale. Partant, nous nous intéresserons ici à la contribution de l’institution scolaire à la constitution, chez les enfants de milieux populaire, d’un patrimoine de dispositions contradictoires à l’origine de difficultés (difficultés d’apprentissage, de comportement, etc.) parfois vécues sur le mode de la responsabilité individuelle (honte, culpabilité, etc.). Nous nous intéressons donc aux modalités de transfert de disposition d’un contexte social à l’autre, produisant in fine un habitus plus ou moins cohérent, plus ou moins clivé et examinons les caractéristiques de ce clivage ou de cette cohérence. Notre présentation s’appuiera sur les analyses d’une recherche de doctorat en cours sur l’apprentissage de la lecture au cycle élémentaire de l’école primaire genevoise. Des portraits d’élèves ont été réalisés à partir d’observations et d’entretiens, afin de saisir les variations dans l’apprentissage scolaire de la lecture entre des enfants de milieux populaires scolarisés dans une même classe (2P). Nous mettrons en évidence les spécificités du contexte scolaire d’apprentissage de la lecture (les pratiques, les dispositifs, les relations de pouvoir qu’il implique, etc.), pour identifier les dispositions qui sont ou non activées dans ce contexte et comprendre comment elles influencent l’apprentissage de la lecture.