). Former à la pédagogie de la créativité : apports de la chorégraphie à la dynamique d’interprétation d’un texte complexe
Type de référence
Date
2018Langue de la référence
FrançaisEntité(s) de recherche
Résumé
La créativité joue un rôle moteur dans le processus d’apprentissage-acquisition (Azam & Robinson 2009, Robinson 2011; Lubart et al. 2015; Puozzo-Capron 2013, 2016). Une dynamique de création (Gosselin et al. 1998) reste néanmoins délicate à construire et complexe à évaluer. Elle peut se heurter à des résistances ou à des inerties (personnelles, institutionnelles), rendant nécessaire un patient travail de formation (initiale et continue) des enseignants. Cette formation doit inclure des moments d’instruction, de négociation (argumentation, débat contradictoire) et d’expérimentation concrète (exemplification, modélisation, participation à des ateliers pratiques). Notre hypothèse est que la transversalité (arts / autres disciplines), la multi-modalité (écrit / oralité / mouvement), le croisement (des genres littéraires, des formats discursifs) et enfin la réélaboration peuvent constituer des stratégies créatrices et facilitatrices de formation aux professions de l’enseignement, autant qu’aux apprentissages disciplinaires.
Nous commencerons par aborder les enjeux institutionnels de la formation des enseignants à la pédagogie de la créativité, en nous appuyant sur un exemple concret de construction de module dans une Haute école pédagogique de Suisse Romande. Dans un second temps, nous analyserons un atelier d’interprétation multimodale créative d’un texte littéraire complexe, expérimenté en version pilote dans ce même établissement, auprès d’un groupe d’une douzaine de futurs enseignants. En nous appuyant sur les réponses fournies à deux questionnaires d’enquête anonymes (réception de l’atelier, formation en éducation), nous mettrons en évidence les attirances et les résistances suscitées : générales (vis-à-vis des modules de pédagogie de la créativité) et spécifiques (vis-à-vis de l’atelier). Dans un troisième et dernier moment, nous analyserons la reprise corrigée et augmentée du dispositif, dans une université française : 36 étudiants linguistes en formation enseignante, engagés dans une étude « par corps » d’une œuvre de fiction de Virginia Woolf, sous la direction artistique d’une enseignante-chercheuse en danse, rattachée à l’Université du Québec à Montréal (Lapaire & Duval 2017).
A partir de courts extraits filmés et commentés, nous montrerons comment le dispositif procède par intégration, en rendant solidaires l’oralité et l’écrit, la distanciation conceptuelle et l’engagement émotionnel, la réflexion abstraite et l’action corporelle, un enseignement académique contraint et une pratique artistique guidée. Nous verrons comment un texte complexe (longueur, contenus, esthétique) peut être soumis à un processus d’interprétation dans une double acception cognitive (« comprendre ») et chorégraphique (« performer »). La démarche d’apprentissage par corps (Faure 2000) que nous évoquerons est adossée au paradigme de l’énaction (Varela et al., 1997) et à la théorie du mouvement dansé (Laban 1963). Les sujets « rejouent » (Jousse 1976) l’étape primitive de l’inspiration, à partir de ressources sensibles (Halprin, 2010) motrices et discursives. Le texte principal est ensuite traité comme un objet et une expérience (Lemonchois, 2007), non comme une simple suite de symboles à déchiffrer. Les actions physiques et conceptuelles (Kendon 2004; Streeck 2009) qui sont chorégraphiées engagent l’imagination des sujets (Dewey 1980). L’évaluation du dispositif (en réception) opère à partir de traces réflexives (Shön, 1994) et kinésiques produites durant et après l’expérience (journaux, bilans réflexifs, questionnaires, vidéo).
Nous conclurons par des remarques sur la contribution de ce dispositif à une pédagogie transdisciplinaire, exigeante et argumentée de la créativité, capable de chorégraphier de véritables actes de connaissance (Streeck 2009), en phase avec les opérations cognitives fondamentales (Fauconnier & Turner 2003) et respectueux du caractère multimodal de la cognition langagière (McNeill 2005; Calbris 2011).
Nom de la manifestation
Créer pour éduquer. La place de la transdisciplinaritéDate(s) de la manifestation
3-4 avrilVille de la manifestation
Aix-MarseillePays de la manifestation
FranceURL permanente ORFEE
http://hdl.handle.net/20.500.12162/2333- Tout ORFEE
- Détail référence