La collaboration comme moteur de la professionnalisation : analyser les interactions dans des dispositifs d’alternance intégrative

Abstract

La formation des enseignants repose sur des dispositifs d’alternance qui visent à articuler les temps et lieux de formation, tout en soutenant une appropriation progressive des savoirs et pratiques professionnelles. Cette alternance intégrative met en réseau différents acteurs – formateurs de terrain et d'institution – autour d’un objectif commun : la professionnalisation des futur.e.s enseignant.e.s. Cependant, l’efficacité de ces dispositifs repose sur une dynamique complexe d’interactions qui va au-delà d’une simple répartition des tâches ou d’une juxtaposition des rôles. Les ajustements relationnels et épistémiques s’avèrent déterminants. Cette communication propose d’interroger les mécanismes de collaboration au sein de dispositifs de formation déployés dans le canton de Vaud, en Suisse romande. D'abord, en adoptant une méthodologie interactionnelle (Filliettaz, 2014), puis au travers de l'analyse des interactions réalisées dans le cadre d'un dispositif de recherche-formation destiné aux formatrices et formateurs de terrain sous forme de Mentoring Conversation Study (De Simone, 2023). Nous cherchons à mettre en lumière comment les interactions, notamment du point de vue des positionnements relationnels et épistémiques des acteurs s’ajustent et se négocient dans l’action et les échanges discursifs selon la nature du dispositif collaboratif. Les objets-frontières, tels que définis par Akkerman et Bakker (2011), joueront un rôle central dans cette analyse, en tant que catalyseurs permettant de dépasser les discontinuités ressenties par les apprenants et d’ancrer les pratiques collaboratives dans une dynamique située. Les résultats montrent que ces interactions, lorsqu’elles sont soutenues par des objectifs partagés et des outils communs, favorisent non seulement le développement des compétences des enseignants en formation, mais également la constitution d’une communauté de formateurs. Ce travail invite à repenser les ingénieries pédagogiques comme des espaces d’hybridation où la collaboration devient un moteur essentiel de la professionnalisation.