Adopter une posture en deuxième personne pour co-construire des connaissances et favoriser des apprentissages significatifs par, pour et avec les apprenant-es

Abstract

Dans cette contribution, nous proposons d’adopter une approche énactive et deweyenne de l’apprentissage. Selon la perspective énactive, les acteurs/trices – apprenant-es et enseignant-es – ne sont pas face à un monde dont les caractéristiques sont pré-données, ce sont leurs actions sur le monde qui leur permettent de faire émerger (énacter) leur monde propre, c’est-à-dire ce qui est significatif pour eux/elles (Varela et al., 2012). Partant de ce principe, ce qui est enseigné par les enseignant-es n’est donc pas « intégré » tel quel par les élèves et cela notamment en raison du couplage structurel toujours singulier de ces derniers/ères avec leur environnement (Maturana & Varela, 1987 ; Penelaud, 2010). La notion de co-construction des connaissances nous semble donc fondamentale, car c’est en cherchant à construire une compréhension réciproque entre les intérêts pratiques (Terré et al., 2016) des élèves et les attentes des enseignant-es qu’il sera possible de faire émerger des apprentissages significatifs pour chacun-e (Martin et al, 2023). En adoptant la perspective deweyenne, nous pouvons également souligner l’importance de tenir compte de l’expérience de l’élève, car c’est en partant de cette dernière qu’il sera possible de favoriser de nouvelles expériences, d’ouvrir de nouveaux possibles et de développer de nouvelles aptitudes (Deledalle, 2004). Conscient-es que cette démarche nécessite une posture particulière de la part de l’enseignant-e, nous proposons de la concevoir comme un accompagnement en deuxième personne (Depraz & Cosmelli, 2003). Nous adoptons pour ce faire une posture de coach empathique (Metz & Simmt, 2015) en donnant plus d’importance à la compréhension du monde des élèves qu’à l’exécution précise de la planification imaginée initialement (Martin et al, 2023) afin de chercher à favoriser le déclenchement de transformations – à la fois pour l’enseignant-e et les apprenant-es – permettant la rencontre de nouveaux domaines de création de sens (De Jaegher & Di Paolo, 2007).