Les entraves à l’analyse clinique de l’activité en milieu scolaire : le cas vaudois

Abstract

Cette contribution prend appui sur trois éléments étant des entraves à la recherche clinique. Premièrement, en Suisse, l’instruction publique obligatoire est dévolue aux cantons. Il n'existe pas d'instruction publique nationale, mais vingt-six systèmes cantonaux, résultant de plus de deux siècles d’histoire durant lesquels des essais de coordination nationale ont été ébauchés, sans succès toutefois. Les cantons sont souverains tant en matière d’instruction publique obligatoire que dans les autorisations de Récolte de données relatives aux scolarités obligatoires et postobligatoires pour la réalisation de recherches scientifiques sur le système scolaire (Décision no 190, Etat de Vaud). Deuxièmement, les études sont souvent menées par des chercheurs étant ou ayant été également des formateurs et des enseignants, ce qui tend à empêcher une analyse naïve de l’activité des travailleurs dans leur milieu, au profit d’interprétations issues des savoirs professionnels antécédents. Enfin, la pression temporelle et l’absence de culture clinique en recherche dans le système éducatif vaudois tendent à reléguer les participants à des enseignants qui veulent bien prendre du temps pour aider à telle étude. Dans ces conditions, l’objet de recherche n’apparaît pas comme une tentative de réponse à une question que se posent les acteurs, mais comme une initiative du chercheur qui parvient à convaincre certains collègues de bien vouloir participer. Une piste pour pallier cette entorse majeure aux principes de la recherche ergonomique serait la co-construction du terrain de la recherche, dans la lignée des laboratoires du changement (Sannino et al., 2016).

Sannino, A., Engeström, Y & Lemos, M. (2016). Formative Interventions for Expansive Learning and Transformative Agency, Journal of the Learning Sciences, 25(4), 599-633, DOI: 10.1080/10508406.2016.1204547