Enseigner les capacités transversales de manière explicite : plus-values et obstacles rencontrés dans la gestion de classe à visée inclusive par les futur·e·s enseignant·e·s

Abstract

Cette enquête qualitative a été menée auprès d’étudiant·e·s en formation et d’enseignant·e·s novices (2021-2023) ayant participé à un module de formation visant l'approfondissement de compétences professionnelles dans le domaine de la gestion de classe à visée inclusive (Gaudreau et al, 2016). Pour ce faire, elles et ils devaient mettre en œuvre un projet dans leur classe de stage afin de soutenir le développement des compétences psychosociales (Fortin, 2014). En s’appuyant sur le potentiel des élèves et les ressources collectives du groupe classe, il leur a été demandé d’élaborer une séquence d’enseignement en ciblant plusieurs descripteurs des capacités transversales du plan d’études romand (CIIP, 2016) comme objectifs d’apprentissage.

Selon une perspective compréhensive (Kaufmann, 1996) cherchant à recueillir les représentations des interviewé·e·s, l’enquête a été guidée par la question suivante : « En quoi votre formation initiale a-t-elle permis de développer des compétences professionnelles en matière d’inclusion scolaire ? ». Le corpus de données a fait l’objet d’une analyse par catégories conceptualisantes permettant de mettre en perspective trois types de résultats : les pratiques évoquées pour développer les capacités transversales dans une visée inclusive, les apprentissages des élèves au niveau de la collaboration et de la communication, les obstacles rencontrés sur le terrain provoquant une fragilisation de leur sentiment d’efficacité.

Les personnes interrogées décrivent une évolution ressentie comme bénéfique des relations entre pairs, et qui se répercute au niveau de la qualité de la relation pédagogique. L’enseignement explicite ou décroché (Hernandez et al, 2022) des capacités transversales apparaît comme un élément clé en faveur de l’inclusion. Ces résultats coïncident avec les travaux de Durlak et al. (2011) qui démontrent une progression dans l’acquisition de ces compétences émotionnelles et sociales lorsqu’elles sont enseignées à l’école et leurs effets sur les comportements prosociaux et la réussite scolaire. Les futur·e·s enseignant·e·s réalisent la faisabilité de projets pédagogiques en lien avec le développement des compétences psychosociales et relativisent les contraintes que cela pourrait représenter. Les enseignant·e·s déjà en exercice nous décrivent des stratégies pédagogiques variées en matière d’inclusion auxquelles se greffent l’enseignement des compétences psychosociales mais elles·ils relèvent une difficulté quotidienne dans la conduite de leur classe face à des situations d’inclusion pour lesquelles ils·elles se sentent particulièrement vulnérables.