Les enseignants novices et la gestion des transitions, entre routines et rituels

Abstract

Quels rôles occupent les enseignants experts et/ou les membres de la direction vis-à-vis des enseignants novices sur le terrain ? Quels espaces donnés à la collaboration pour ces nouveaux praticiens ? Comment les enseignants novices font-ils face aux défis qu’ils rencontrent au cours de leurs trois premières années de pratique ? Ces questions sont au centre de notre proposition de contribution qui s’appuie sur les résultats d’une recherche menée par le groupe Formation à la Gestion de la classe (ForGes) de la Haute école pédagogique du canton de Vaud. Plusieurs auteurs (Martineau, Portelance & Presseau, 2009 ; Portelance & Durand, 2006) signalent que la collaboration est perçue comme un élément significatif pour les enseignants novices en lien avec leur insertion professionnelle et leur persévérance dans la profession. L’obtention de réponses concrètes à l’égard de leurs problèmes semblent être un besoin réel (Rayou & van Zanten, 2004 ; Rey & Gremaud, 2013 ; Tardif & Lessard, 1999). Cela s’explique notamment par le manque de stabilité au niveau de leurs gestes professionnels qu’ils parviennent, grâce aux échanges de pratiques, à ajuster avec leurs collègues expérimentés. Ainsi, il s’agit, pour eux, d’une occasion de s’adapter aux exigences du terrain et également d’obtenir la légitimité recherchée (Rey & Gremaud, 2013 ; Rouve & Ria, 2008 ; Sembel, Leonard, Teruel & Gesson, 2009). Gather Thurler et Perrenoud (2005) dénoncent a contrario que « la coopération entre professionnels est plus présente dans les discours que dans les pratiques » (André, 2013, p. 210). Ce dernier précise que le dévoilement des pratiques peut être un puissant frein à la collaboration. Nous pouvons alors penser que la motivation des novices est nourrie par un besoin réel de réponses apportées à des problématiques rencontrées qui leur apparaissent comme nouvelles et inattendues. Au-delà de la mise en visibilité de sa propre pratique et de la peur que cela pourrait engendrer (André, 2013), le besoin d’apprendre des autres apparaît comme un moteur fort de l’insertion professionnelle (Williams cité par Boies & Portelance, 2014). Nos entretiens ne laissent pas apparaître cette vision contrastée de la collaboration. Nos premières analyses relèvent notamment les difficultés de nos sujets à gérer les multiples tâches administratives auxquelles ils doivent faire face à la rentrée scolaire. Qu’il s’agisse des commandes du matériel, de la transmission d’informations, de la gestion des absences ou des formalités liées à l’organisation d’activités extrascolaires, tous se sentent peu préparés à l’égard de cette responsabilité. Au-delà de questionner le contenu de la formation offerte, ces résultats démontrent la capacité des enseignants novices à s’entourer de pairs, de collègues expérimentés et de membres de la direction de leur établissement.