D’une oeuvre littéraire classique à une production numérique : enjeux et conditions d’une transformation menée par des élèves du secondaire 2

Abstract

La communication que nous soumettons serait l’occasion de problématiser le rapport de l’élève à la littérature, à partir d’une séquence didactique menée dans une classe du secondaire 2 du canton de Fribourg. Dans le cadre du projet LLN2 (lecture-littérature-numérique-2), dont le second volet concerne l’enseignement des textes numériques à visée informative, des élèves ont étudié la notion d’info-divertissement : sa définition, ses caractéristiques, mais également ses limites dans la transmission d’une information de qualité. Lors de l’ultime phase de la séquence, les élèves ont été invité·e·s à présenter une œuvre littéraire des XVIe aux XVIIIe siècles en recourant aux codes de l’info-divertissement. Les réalisations des élèves, au format numérique, associant texte, son et image fixe ou animée, sont toutes accompagnées d’un texte réflexif dans lequel le processus et le rendu final sont commentés (analyse des codes de l’info-divertissement, difficultés du travail, limites, qualité de l’information).

Inscrite dans les travaux sur la littératie médiatique et multimodale (Lacelle, Boutin & Lebrun, 2017), notre analyse s’intéressera à plusieurs dimensions. Nous nous interrogerons d’abord sur la constitution du corpus de textes littéraires proposés aux élèves, en insérant cette question dans les enjeux inhérents à la transposition didactique. Dans un deuxième temps, il s’agira d’analyser les productions numériques d’élèves avec les textes réflexifs rédigés afin de mettre en lumière les caractéristiques des objets réalisés, ainsi que les processus de compréhension et de création dans lesquels les groupes d’élèves se sont investis. À cette fin, nous convoquerons le modèle de Kress et Van Leeuwen (2006) avec ses quatre composantes de la production multimodale (matérialité, cadrage visuel, design et production) : nous observerons les transformations de l’objet littéraire classique en objet littéraire numérique, « ce qui reste » de l’œuvre littéraire classique source, ainsi que les savoirs littéraires construits par les élèves au travers de leurs réalisations. Enfin, et de manière plus large, nous interrogerons l’effet de ce dispositif sur la conception de la littérature défendue par l’enseignant et par les élèves. La discipline scolaire influençant la constitution du patrimoine littéraire ainsi que la définition même de la « littérature » (Denizot, 2021), il semble pertinent de s’intéresser aux productions d’élèves en se demandant à quelles conditions le détour par l’info-divertissement et par le numérique a pu contribuer à développer, à enrichir, à considérer de manière inédite la discipline littéraire.

De manière générale, notre réflexion est ancrée dans le contexte de la formation des enseignant·e·s – une des visées fortes du projet LLN2 – et interroge les enjeux de l’enseignement de la littérature, à l’aide du numérique, en vue d’habiter une posture réflexive d’acteur et d’actrice.