Exercice de l’autorité des enseignants débutants du primaire et du secondaire dans des dispositifs d’enquête collaborative

Abstract

Dans l’univers anglo-saxon, les recherches concernant la gestion de classe et l’autorité sont principalement sous-tendues par un paradigme behavioriste, associé à une pédagogie de la maîtrise (Archambault et Chouinard, 2009). Les chercheurs dressent l’inventaire exhaustif de types de problèmes, de variables en jeu et de stratégies d’interventions efficaces. Ces stratégies sont ensuite intégrées dans des programmes de formation visant l’atteinte de comportements cibles d’élèves ou d’enseignant·es conformes à des normes sociales attendues, que les professeur·es reproduiront en situation professionnelle. Dans certains pays européens, principalement la France mais aussi la Suisse ou la Belgique, l’épistémologie privilégiée est différente. Considérant que « l’activité est une totalité insécable, et que conserver cette propriété de la totalité dans l’analyse des corpus et les démarches pratiques est une condition de leur pertinence » (Barbier & Durand, 2017, p. 23), les chercheurs s’appuient sur l’analyse de l'activité des professeurs dans des situations professionnelles contextualisées impliquant notamment l’exercice de la relation d’autorité. Ce symposium vise à présenter et mettre en discussion les deux types de pratiques de recherche-formation qui en découlent. Un premier type consiste en l’analyse des pratiques professionnelles à partir de récits de situations vécues produits par des enseignant·es généralement réunis en groupe, sous la conduite d’un animateur garant du dispositif et porteur de références théoriques explicites. Si divers courants d’analyse de pratiques professionnelles se sont développés depuis les années 1990, ils ont en commun de viser la professionnalisation des acteur·trices, voire des changements organisationnels ou institutionnels, en permettant de « problématiser les expériences par une exposition, une élaboration, une transformation, une communication à autrui » (Chami, 2020, p. 11). Le second type de pratiques de recherche-formation, apparu à la fin des années 1990, s’origine dans la psychologie du travail et l'ergonomie de langue française pour analyser l’activité réelle des professeur·es (Leblanc, Ria & al., 2008). Ces approches s’appuient sur une conception située de l’action et s’inscrivent dans un paradigme interprétatif en accordant de l’importance aux expériences subjectives des enseignant·es dans la compréhension de leur activité (Joinel Alvarez, 2021).