Evaluer dans une perspective inclusive : Propositions à partir d’une recherche-action-formation sur l’enseignement de l’anglais au primaire

Abstract

L’école vaudoise (Suisse romande) oriente précocement les élèves à la fin des degrés primaire en fonction des résultats de l’évaluation sommative. La différenciation structurelle à laquelle elle conduit n’est pourtant pas compatible avec la visée inclusive désormais défendue par les politiques scolaires. Cette situation conduit à des intentions contradictoires – en même temps inclure et sélectionner – mais aussi à des changements progressifs dans les prescriptions, qui apparaissent comme des opportunités de transformer les pratiques d’enseignement et d’évaluation. C’est dans ce contexte que l’anglais est introduit dans le programme scolaire des dernières années du primaire (7-8P) comme deuxième langue étrangère. Notre projet de recherche-action-formation se saisit du contexte actuel et se donne comme objectif de construire des démarches et des outils d’évaluation formative et sommative des apprentissages en anglais, correspondant à la fois aux nouvelles prescriptions légales et aux cadres théoriques mobilisés dans la formation à l’enseignement, à la Haute école pédagogique du canton de Vaud. Il implique un groupe de 12 enseignant-e-s des degrés concernés avec des chercheur-e-s spécialisé-e-s soit en didactique des langues étrangères, soit en évaluation des apprentissages. Les démarches et les outils sont conçus, mis en œuvre, analysés et réadaptés, en articulant étroitement les principes de l’approche actionnelle (Piccardo, 2014) et ceux de l’évaluation-soutien d’apprentissage (EsA – Laveault & Allal, 2016 ; William, 2011). Dans une approche actionnelle, les élèves ont à réaliser des tâches qui simulent des situations de communication authentiques (proches de celles de la vie quotidienne) et porteuses de sens. L’articulation avec le cadre de l’EsA vise à élargir la conception de l’évaluation formative en y intégrant les démarches d’évaluation sommative susceptibles de soutenir les apprentissages. L’EsA ne se réduit donc pas à la passation de tests formatifs, mais englobe toutes les tâches quotidiennes et le recours régulier à l’observation et aux formes variées d’échanges sur les objets de savoir. Les élèves, principaux destinataires de cette évaluation, sont ainsi activement impliqués au travers de démarches d’autoévaluation et d’évaluation par les pairs. A partir des séquences et des démarches d’évaluation co-construites en équipe, des entretiens avec les enseignant-e-s et les élèves, et des observations filmées dans les classes des participant-e-s à la recherche, nous pourrons étudier et documenter les conditions nécessaires à une transformation des pratiques d’évaluation, favorisant par ainsi un accès plus égalitaire aux apprentissages en anglais, dans une visée d’école inclusive, et contribuant aux réflexions sur les enjeux de l’évaluation pour l’enseignement (Mottier Lopez, 2015).