Apprentissages fondamentaux à l’école enfantine ? Représentations des enseignant·e·s dans le canton de Vaud.

Abstract

En Suisse, en 2006, de nouveaux articles constitutionnels ont été acceptés par votation populaire, harmonisant notamment l'entrée dans la scolarité obligatoire à quatre ans sur l'ensemble du territoire. Nous examinons dans cette contribution la situation dans le canton de Vaud où cette nouvelle organisation scolaire est entrée en vigueur en 2013. L'école enfantine, accueillant des élèves de quatre à six ans, constitue désormais les deux années initiales du premier cycle de l'enseignement primaire. Ce changement structurel du système éducatif a conduit notamment à l'introduction d'un nouveau plan d'études pour les cantons romands, organisé en trois entrées pour l'ensemble de la scolarité obligatoire (disciplines scolaires, formation générale et capacités transversales). Pour l'école enfantine, une page complète ces entrées ; elle concerne le rôle des apprentissages fondamentaux dans la première partie du cycle 1 (Plan d'Etudes Romand, 2010, p.24). Au nombre de trois, socialisation, construction des savoirs et mise en place des outils cognitifs, ils représentent un concept nouveau pour les enseignantes et les enseignants. Ils constituent les apprentissages fondateurs de la réussite scolaire (Clerc-Georgy, 2018). Cette communication s'interroge sur les représentations (Abric, 1994) des enseignant·e·s concernant ces apprentissages fondamentaux et sur les modalités d'enseignement utilisées pour leurs élèves. Elle s'appuie sur les résultats d'une enquête réalisée au moyen d'un questionnaire en ligne adressé à l'ensemble des enseignant·e·s en fonction, à temps partiel ou complet, dans les classes enfantines vaudoises durant l'année scolaire 2017-2018 (N=417). Nous présentons les représentations des enseignant·e·s de ces degrés concernant les trois apprentissages fondamentaux et distinguons les pratiques d'enseignement associées à chacun d'eux. Nous nous intéressons dans un premier temps à la représentation qu'ont les enseignant·e·s des apprentissages fondamentaux. Les résultats d'une analyse descriptive (tableaux de fréquences) montrent que la socialisation ainsi que la mise en place des outils cognitifs sont les éléments les plus importants pour les apprentissages fondamentaux. Nous étudions également les dimensions pouvant définir au mieux ce que la socialisation représente pour les enseignant·e·s du primaire. Nous avons donc effectué une analyse de correspondances multiples, qui a mis en évidence deux axes principaux : la socialisation est perçue d'un côté, comme la question du " vivre ensemble ", et de l'autre en lien avec la dimension de l'autonomie. Finalement, nous nous sommes intéressées aux pratiques déclarées des enseignant·e·s en leur demandant celles qu'ils mettaient en place pour chacun des trois apprentissages fondamentaux. Le questionnaire leur proposait une liste de dispositifs pédagogiques que nous avons regroupés en modalités collectives ou non-collectives. Nous avons comparé le nombre de fois où les enseignant·e·s disaient utiliser des modalités collectives (telles que rituel, jeu en collectif) et non-collectives (telles que travail de groupe, tutorat, jeu de société). Ce sont ces résultats détaillés qui seront présentés lors de la communication.

Références Abric J.-C. (1994). Pratiques sociales et représentations. Paris : PUF. Clerc-Georgy A. (2018). Redéfinir les fondamentaux pour permettre à tous les élèves de s'approprier les outils requis par l'école : la question du langage,Carnets Rouges, 12, 24-26. Plan d'Etudes Romand (2010). Rôle des apprentissages fondamentaux dans la première partie du cycle 1. Neuchâtel : Conférence intercantonale de l'instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP).