Démarches et outils d’évaluation des apprentissages des langues étrangères à l’école primaire : Comment articuler les principes de l’approche actionnelle avec ceux de l’évaluation-soutien d'apprentissage ?

Abstract

La didactique des langues promeut un enseignement des langues étrangères fondé sur l’approche actionnelle. Bien qu’elle soit au cœur des formations initiales et continues, cette approche peine cependant à s’implémenter sur le terrain. Nous pensons que les contraintes institutionnelles liées à l’évaluation des apprentissages scolaires ont un rôle à jouer et qu’elles freinent en partie cette implémentation. Partant de cette hypothèse, nous cherchons des pistes visant à articuler l’implémentation de l’approche actionnelle (Piccardo, 2014) avec les principes d’une évaluation soutenant les apprentissages (Broadfoot et al., 2002), ces derniers étant également promus dans les formations à l’enseignement. Ces deux approches insistent sur l’importance de l’interaction de l’élève avec son environnement culturel, social et matériel à des fins de médiation.

Notre contexte est celui du canton de Vaud en Suisse romande. L’évaluation sommative participe à une orientation précoce des élèves à la fin des degrés primaires (10-12 ans), et c’est au cours de ces années cruciales pour la suite de leur parcours scolaire qu’ils débutent l’étude d’une deuxième langue étrangère, l’anglais. Les pratiques d’évaluation sommative, aux forts enjeux pour la scolarité des élèves, font l’objet de diverses prescriptions. D’abord, le cadre général de l’évaluation définit le nombre d’épreuves à faire passer aux élèves durant l’année scolaire. Ensuite, des recommandations issues de la direction générale de l’enseignement obligatoire déterminent une répartition des compétences langagières à évaluer. Il arrive par ailleurs que certaines directions d’établissement soumettent les enseignant.e.s à d’autres règles internes comme des évaluations communes, voire des moyennes cibles, en particulier dans ces degrés-là.

À la Haute école pédagogique de Lausanne, où nous enseignons, nous avons constitué un groupe de recherche composé de didacticien.e.s des langues secondes et de spécialistes de l’évaluation. Notre projet vise la construction de démarches et d’outils d’évaluation formative et sommative des premiers apprentissages d’une nouvelle langue étrangère, combinant à la fois les principes de l’approche actionnelle et ceux de l’évaluation-soutien des apprentissages. Nous concevons l’apprentissage comme un acte de pensée complexe et d’intériorisation, qui nécessite la médiation d’un guide averti (Vygotski, 1997), tel l’enseignant. Nous adoptons la méthode de la planification à rebours (Wiggins & McTighe, 2005) afin d’identifier les objectifs et les critères permettant l’évaluation des tâches communicatives et actionnelles produites par les élèves, en correspondance avec la progression des apprentissages prévues par le plan d’étude et les moyens d’enseignement généralement utilisés. Nous remontons des objectifs et critères identifiés aux tâches communicatives et à leur mise en œuvre. Une attention particulière est portée à l’implication les élèves dans l’évaluation de leurs apprentissages (autoévaluation, co-évaluation, évaluation entre pairs). Plus largement, nous pensons les synergies entre évaluations formative et sommative ainsi que la relation entre tâches pour apprendre et évaluation instrumentée (Mottier Lopez, 2015).

Nous prévoyons de mettre en œuvre cette démarche et ces outils avec des enseignant.e.s d’anglais des degrés concernés, par le biais d’une méthode de formation-recherche fondée sur les communautés d’apprentissage professionnelles. Ces enseignant.e.s contribueront à la récolte des indices d’apprentissage auprès de leurs élèves et aux adaptations des démarches et des outils proposés.

Notre contribution s’inscrit dans l’axe de l’évaluation de l’apprentissage des langues secondes et elle vise à apporter des éléments de réflexion sur les démarches d’évaluation susceptibles de favoriser les apprentissages dans cette discipline.