Symposium "L’Objet D’Enseignement Dans Les Lesson Studies : Alibi Ou Cœur Du Dispositif ?"
Type de référence
Date
2020-01-10Langue de la référence
FrançaisRésumé
La Lesson study (LS) est une méthode de formation qui a gagné le monde entier au cours des 30 dernières années. Parmi les adaptations de la démarche, nous proposons d’étudier les différents statuts qui peuvent être attribués à l’objet d’enseignement : est-il un simple alibi ou le cœur du dispositif ?
Pour commencer, Rosanna Margonis-Pasinetti analysera une LS dont l’objet enseigné est le centre : son groupe cherche à développer des séquences didactiques autour d’activités plurilingues. Puis, dans la LS présentée par Julien Buchard, l’objet enseigné joue un rôle diamétralement opposé : différents groupes explorent la thématique de recherche en planifiant, observant et analysant des leçons dont les objets diffèrent. Ensuite, Béatrice Rogéré Pignolet présentera une LS « hybride » qui illustre une méthode de travail à l’aide d’un objet spécifique : son groupe tente de comprendre comment s’approprier un nouveau moyen d’enseignement en étudiant une séquence en particulier.
Ces trois contributions nourriront le débat qui suivra pour discuter comment la Lesson Study peut contribuer à l’amélioration des pratiques pédagogiques. Notre symposium s’inscrit dans une volonté de promouvoir le développement des LS dans le monde francophone, au-delà des frontières Nord-Sud, au service de la qualité de l’éducation.
1. Développer Des Activités Plurilingues Pour La Classe De Langues Etrangères Sur La Base De L’Approche Lesson Study : Créer, Tester, Améliorer (Margonis-Pasinetti, R.)
Notre contribution est un point de situation sur un projet en construction. Nous travaillons à la formation initiale et continue des enseignant-e-s de langues et de cultures étrangères, en particulier d’anglais. Nous devons relever le défi du développement professionnel d’enseignant-e-s qui devront à leur tour apprendre aux élèves à développer leurs compétences linguistiques, culturelles et interculturelles. Fondées sur les concepts les plus récents dans le domaine de l’enseignement-apprentissage des langues étrangères, nos approches en matière de formation doivent avoir une incidence sur ce qui se passe réellement dans les classes de l’enseignement obligatoire. Cela requiert l’implication des étudiant-e-s et des enseignant-e-s dans les processus de création, de mise en œuvre, d’analyse et d’amélioration conjointes de séquences didactiques conformes aux fondements théoriques.
Notre programme de formation est principalement basé sur le contexte créé par le Cadre européen commun de références pour les langues (CECR, COE, 2001) et sur les résultats des recherches qui l'ont précédé et fondé. Nous avons essentiellement mis en avant un enseignement-apprentissage des langues axé sur l'action et notre cadre conceptuel se réfère en particulier aux travaux liés à l’approche par tâches (TBLT ; Ellis, 2003 ; Nunan, 2004 ; Willis et Willis, 2007). En ce qui concerne le développement des compétences interculturelles, nous nous concentrons principalement sur les travaux relatant les approches de sensibilisation aux langues et d’activités plurielles et plurilingues (Candelier & al., 2012). L’objet d’enseignement n’est de toute évidence pas un alibi, il est au cœur du dispositif ; mais pour nous la démarche Lesson Study en tant que cycle d'étude de la leçon (Lewis, 2002 ; Cheng & Lo, 2013 ; Dudley, 2015) n’est pas non plus juste un dispositif. Nous cherchons en effet tant à ouvrir de nouvelles perspectives pour le renforcement des compétences didactiques des enseignant-e-s en langues étrangères qu’à tester une modeste mise en œuvre de la démarche LS dans ce domaine.
L'objectif principal de ce projet est de développer des séquences s’appuyant sur la didactique intégrative des langues en classe d’anglais langue étrangère dans le contexte des écoles publiques suisses et plus précisément vaudoises. Nous avons premièrement l'intention d’intégrer dans l’enseignement de l’anglais les deux séquences « Moi, je comprends les langues voisines 1 et 2 », issues des moyens d’enseignement EOLE (Éducation et ouverture aux langues à l’école, 2003, http://eole.irdp.ch/eole/presentation.html), qui ont pour objectif de permettre aux élèves de développer des stratégies d'intercompréhension entre les langues apparentées. Nous souhaitons mettre en œuvre ces séquences dans plusieurs classes en suivant la démarche LS, de sorte que les enseignant-e-s impliqué-e-s puissent s’observer, comparer leurs observations et peaufiner leurs leçons afin de les améliorer. À partir de ces essais et observations nous visons également la création de nouvelles séquences qui fassent le lien entre l’ouverture aux langues, le développement du plurilinguisme des élèves et l’enseignement-apprentissage de l’anglais dans les écoles publiques. Nous entendons ensuite intégrer les résultats de notre recherche dans des cours de formation d'enseignant-e-s basés sur l’approche intégrative de l’enseignement des langues qui vise à accroître l’efficacité des transferts d’une langue à l’autre.
2. Se Former A L’Evaluation Et La Régulation Des Apprentissages A Travers La Lesson Study (Buchard, J.)
Dans le cadre de la formation initiale des enseignant·e·s, nous mobilisons une adaptation des Lesson studies (LS) pour étudier le thème de l’évaluation et la régulation des apprentissages des élèves. Ce contexte nécessite quelques adaptations du processus LS par rapport au déroulement initialement prévu pour la formation continue liée à l’enseignement des mathématiques (Isoda, Stephens, Ohara, & Miyakawa, 2007; Lewis & Hurd, 2011). Notamment, le rôle de la discipline et donc de l’objet enseigné reste secondaire dans notre mise en œuvre pour des raisons contextuelles. Nous ouvrons donc notre présentation avec quelques explications quant au contexte de cette formation.
Ce module intervient au quatrième semestre formation initiale des enseignant·e·s destinés à l’école primaire au canton de Vaud (CH). Les étudiant·e·s y examinent les liens entre les interactions langagières en classe et les apprentissages des élèves. En particulier, nous étudions comment évaluer et mobiliser l’hétérogénéité didactique (Chopin, 2011) afin de réguler l’enseignement pour réduire les inégalités scolaires (Rochex & Crinon, 2013) dans une perspective de différenciation (Kahn, 2010). Ce travail repose sur l’analyse de protocoles d’interactions menées en stage. En effet, la formation initiale en alternance ne permet pas au groupe d’observer directement la « leçon de recherche ». Chaque participant·e enregistre donc, à tour de rôle, une interaction menée avec les élèves pendant sa journée hebdomadaire de stage puis soumet sa transcription verbatim à la discussion en groupe. Celui-ci dissèque les interventions des stagiaires à la lumière des concepts théoriques présentés en cours afin d’en évaluer l’impact sur les apprentissages des élèves. Ce procédé est répété cinq à huit fois par cycles d’une à deux semaines. Dans le cadre de ce symposium, nous pointons une différence spécifique entre notre dispositif et la définition théorique des LS : la place de l’objet enseigné. De fait, certains groupes étudient un seul objet mais d’autres en investissent plusieurs au fil du semestre. Cela montre bien à quel point l’objet enseigné, dans notre dispositif, sert d’alibi à une analyse portant sur des gestes professionnels transversaux.
A travers une analyse quantitative des données récoltées par questionnaires pour une thèse en cours, nous pourrons démontrer comment le fait de changer d’objet en cours de semestre ou de mobiliser deux objets en parallèles tout au long de la LS peut influencer le travail. Une phase test menée en 2018 nous a permis de spécifier les questionnaires que nous analyserons pour cette présentation. Elle avait déjà mis en lumière que les groupes « pluridisciplinaires » ont tendance à évaluer plus sévèrement la qualité de leur travail et à plus solliciter l’aide de didacticiens en-dehors des séances de séminaire prévues dans le module.
Cette approche nous permettra donc de décrire certains effets d’une LS portant sur plusieurs disciplines et/ou objets d’enseignement et de les comparer à des situations où une seule discipline voire un seul objet est étudié. En ce sens, notre contribution pourra nourrir le débat quant à la place accordée à l’objet enseigné mais aussi renseigner le rôle de cet objet dans le processus LS.
3. La Lesson Study Pour S’Approprier Le Nouveau Plan D’Etudes : Une Entrée Par L’Evaluation
Le système éducatif suisse connait une réforme majeure depuis l’harmonisation à l’échelle régionale des plans d’étude de la scolarité obligatoire. Parmi les challenges qui en découlent pour les professionnels de l’éducation, notre contribution étudie l’appropriation d’un nouveau plan d’études édité par l’Etat. Dans notre cas, cette préoccupation émane de la direction d’un établissement secondaire qui a adressé une demande à la Haute école pédagogique du canton de Vaud (HEP Vaud) pour un accompagnement adapté à ses préoccupations. De fait, notre institution a mis au point un système de formation continue offrant aux enseignant·e·s, en plus des formations à la carte, la possibilité de négocier un programme sur mesure. C’est dans ce cadre que nous avons élaboré une Lesson study (LS), afin de répondre aux objectifs visés : l’appropriation des nouveaux moyens d’enseignement romands (MER) d’histoire, le renforcement de la collaboration entre enseignant·e·s d’histoire au sein de l’établissement et le développement d’une culuture commune de cette discipline, notamment dans le domaine de l’évaluation.
Notre contribution présente donc une LS en cours. En particulier, nous étudions comment le groupe a choisi la séquence d’enseignement travaillée parmi celles proposées. Cette étape revêt une certaine importance dans notre dispositif puisque la leçon de recherche étudiée par le groupe doit permettre de modéliser une méthode collaborative pour mettre en œuvre une séquence didactique de plusieurs leçons sur un thème donné. Durant ce processus, nos apports théoriques concerneront particulièrement l’évaluation des apprentissages (Demeuse, 2004; Ruiz-Primo, 2011). De fait, lors des phases de planification, il est utile de replacer les apprentissages des élèves au cœur des préoccupations enseignantes. C’est pourquoi nous avons choisi une formation de type Lesson study (Alston, Pedrick, Morris, & Basu, 2011; Martensson & Hansson, 2018; Msonde & Msonde, 2017; Ninomiya, 2007). En ce sens, nous adoptons une position médiane dans ce symposium puisque l’objet d’enseignement mobilisé dans notre groupe est, d’une part, directement lié à l’objet de recherche (thèmes du plan d’études) et sert, d’autre part, de terrain d’investigation pour répondre à une question de recherche qui le dépasse.
Pour analyser les effets du statut particulier qu’a l’objet d’enseignement au sein de notre LS, nous mettons en perspectives les observations menées par trois chercheuses et chercheurs de la HEP Vaud qui ont participé à cette formation. En particulier, il sera intéressant de discuter comment a été négocié le choix de la séquence didactique et le rôle qu’ont joué chacun des protagonistes dans cette négociation. Nous verrons aussi, lors de la discussion qui a fait suite à la leçon de recherche, dans quelles mesures ce choix a favorisé ou gêné la collaboration entre enseignant·e·s et s’il a aidé ou non les participant·e·s à s’approprier le nouveau plan d’études d’histoire dans sa globalité. Nous discuterons aussi comment les conceptions qu’ont ces enseignant·e·s de l’évaluation ont pu évoluer au cours de cette formation ainsi que leur rapport à la branche qu’ils enseignent.
Nom de la manifestation
33rd International congress for school effectiveness and improvementDate(s) de la manifestation
6-10.01.2020Ville de la manifestation
MarrakechPays de la manifestation
MAPortée de la manifestation
internationaleURL permanente ORFEE
http://hdl.handle.net/20.500.12162/4447- Tout ORFEE
- Détail référence