Outils et pratiques de mesure de la dyslexie : entre évidence et instabilité

Abstract

Ma recherche doctorale vise à éclairer les logiques, les acteurs.trices et les objets de savoir et d’intervention qui sont en jeu dans la fabrication du diagnostic de dyslexie. Bien que cette étude nécessite de multiplier les lieux et les points de vue (étude des sphères politiques, administratives, scolaires, académiques, par exemple), je souhaite discuter ici plus spécifiquement de certaines pratiques diagnostiques mises en œuvre par les logopédistes. Le diagnostic de dyslexie est un procédé complexe et collectif durant lequel les clinicien·ne·s sont amené·e·s à identifier et à interpréter, à travers l’usage de divers instruments, les signes observés chez les patient·e·s. Il est un processus composé de différentes séquences durant lequel les thérapeutes vont notamment rassembler des indices issus de l’observation clinique et de la passation de tests d’inspiration psychométrique. Plusieurs recherches indiquent que les logopédistes utilisent de manière grandissante ces tests permettant de quantifier et qualifier les compétences et incompétences lectorales d’un enfant. Un ensemble de critères comme l’étalonnage, la standardisation ou l’estampillage académique – et pourquoi pas les prix auxquels sont vendus ces tests – tendent à présenter ces outils diagnostiques comme solides et constants. Or, à documenter les pratiques de mesure des logopédistes, il semble qu’une certaine instabilité des outils diagnostiques et de ses usages apparaisse. Dans le cadre de cette communication, je souhaite, sur la base de mon matériau empirique, interroger l’idée du « véritable diagnostic » qui semble bien installée et cristallisée dans le milieu de l’enseignement en mettant en évidence l’instabilité des outils de mesure et de leurs usages.