Comment les enseignants en formation au secondaire conçoivent-ils l’exercice de l’autorité dans la relation d’enseignement ?

Abstract

Au vu des changements sociétaux et du déclin des modèles traditionnels d’exercice de l’autorité, il paraît indispensable de repenser l’exercice de l’autorité dans la relation d’enseignement (Dubet, 2003 ; Galand, 2008 ; Meirieu, 2005 ; Obin, 2001 ; Robbes, 2010). L’autorité n’étant plus perçue comme allant de soi par les élèves, l’enseignant, pour obtenir leur adhésion et leur permettre de s’engager dans les apprentissages, doit s’adapter à ce nouveau contexte (Felouzis, 1994 ; Thin, 2002), faire face à ce nouveau public (Gaillard, 2008). Il doit désormais construire, au quotidien, en fonction des situations pédagogiques et du groupe d’élèves, une autorité reconnue et légitimée (Felouzis, 1994 ; Robbes, 2010). Cette reconnaissance n’étant plus donnée uniquement par sa position statutaire, comment l’enseignant, aujourd’hui, obtient-il l’adhésion de ses élèves ?

Pour répondre à cette question, dans une étude doctorale, nous avons choisi de mettre en regard des travaux théoriques à propos de l’autorité et les conceptions de futurs enseignants. À cet effet, dans un premier temps, nous avons construit, à partir d’une revue de la littérature, un modèle théorique de l’autorité basé sur cinq dimensions. Dans ce modèle, nous postulons que l’autorité dans la relation d’enseignement repose sur : - la maitrise du savoir enseigné et l’expertise didactique de l’enseignant ; - la capacité de l’enseignant à construire et maintenir un cadre propice au travail ; - l’expertise relationnelle de l’enseignant ; - le statut de l’enseignant ; - les qualités personnelles développées par l’enseignant.

Dans un deuxième temps, nous nous sommes demandés comment les enseignants en formation concevaient-ils, aujourd’hui, l’exercice de l’autorité en classe. Pour répondre à cette question, nous avons proposé aux étudiants inscrits à la Haute École Pédagogique du canton de Vaud (Lausanne, Suisse) pour enseigner dans le degré secondaire 1 (niveau collège), de répondre, par écrit, dès leur entrée en formation, à la question suivante : « En classe, qu’est-ce qui amène les élèves à accepter de faire ce que leur enseignant ou leur enseignante leur demande ? ». Leurs propositions ont été catégorisées selon les cinq dimensions du modèle théorique de l’autorité évoqué plus haut. Puis, en analysant chacune de ces dimensions, nous avons fait émerger des thèmes, pour comprendre plus finement comment ces enseignants en formation se positionnaient par rapport à l’exercice de l’autorité. Ce sont ces premiers résultats que nous présenterons lors du colloque « L’autorité en éducation : figures, variations, recomposition. ».