Renversement des valeurs à l’ère néolibérale : la figure de l’incompétent dans deux textes de la littérature extrême-contemporaine.

Abstract

Qu’est-ce que l’incompétence dans un monde dominé par les principes du néolibéralisme ? C’est en se fondant sur deux textes littéraires issus d’un corpus de l’extrême-contemporain que l’on formulera quelques hypothèses. Rassemblant des récits brefs qui ont comme caractéristique commune de poser un regard critique sur la société occidentale contemporaine, ce corpus a été constitué dans le cadre d’un projet de recherche en didactique de la littérature. La participation à la séance inaugurale du CRIST serait l’occasion de mettre en tension deux textes qui représentent une humanité qui aurait endogénéisé les injonctions de rentabilité et d’efficience. « Un jeune homme qui part… » de Noëlle Revaz esquisse le parcours prétendument sans faute d’un étudiant en économie, qui aspire à accéder à la fonction la plus élevée dans l’entreprise. Le récit bref de Jean-Charles Massera , quant à lui, se situe dans un monde dystopique où l’éducation et l’École seraient inféodées à la loi du marché : ainsi, plus l’élève est ignorant et adhère aux principes de la consommation sans distance critique, plus l’École remplit sa mission. La figure de l’incompétent gagne en complexité à la lumière de ces deux textes fonctionnant comme les révélateurs d’un renversement de valeurs : est incompétent·e celui ou celle qui perd au jeu néolibéral.