Former la relève. Problèmes de prédiction dans l'évaluation des stagiaires

Abstract

Nous essayons, dans ce chapitre, de comprendre les difficultés auxquelles sont confrontés les formateurs de terrain, en particulier lors de l’évaluation des stages en enseignement. Ces formateurs doivent évaluer, à travers l’observation des pratiques, les compétences professionnelles des stagiaires, ce qui les amène à formuler des anticipations ou des prédictions, en s’appuyant sur des documents-cadres et les délais imposés par la HEP du canton de Vaud (Suisse). Ce travail s’inscrit dans un cadre bien défini : l’annonce d’une insuffisance entraîne une prolongation d’étude, voire une exclusion définitive de la formation en cas de deuxième échec. Le fait d’évaluer les compétences professionnelles d’un adulte et d’avoir à justifier de cette évaluation dans un rapport de pouvoir défavorable avec la HEP rend ce travail difficile. Il en résulte des « stratégies », au sens de Crozier et Friedberg (1977), de la part des formateurs qui soit anticipent les difficultés, soit temporisent, soit se résignent à prononcer un jugement édulcoré. Ces trois approches ont évidemment des conséquences diverses, et parfois paradoxales, sur les résultats de l’évaluation. L’enquête sur laquelle se fonde ce chapitre porte sur quinze entretiens menés en 2012 et en 2014 auprès de formateurs de terrain engagés dans la formation de la relève du secondaire obligatoire.