Emotions et apprentissage dans une pédagogie de la créativité

Abstract

Les didacticiens s’intéressent de plus en plus aux variables transversales dans l’apprentissage, présentes dans les curricula (Fautley & Savage, 2007 ; Müller, 2009 ; Newton, 2012). L’émotion est parfois un objet d’analyse ou d’observation (Ria, 2005 ; Aden, 2009 ) ou elle peut devenir un objet didactisable considéré dès lors comme objet d’apprentissage (Berdal-Masuy, 2006 ; Aden, 2010 ; Berdal-Masuy & Botella 2013). Définir de manière consensuelle et précise l’émotion dans une situation aussi authentique et complexe qu’est l’apprentissage relève de l’acrobatie. C’est une variable transversale que l’apprenant ressent et qui change en fonction des situations didactiques, de son rapport à l’autre ou à l’environnement. Cependant, la complexité de l’état émotionnel des apprenants ne doit pas nous faire perdre de vue que les situations d’enseignement déterminent les émotions des apprenants (Arnold & Brown, 2000) et que l’interdépendance entre la cognition et l’émotion a été démontrée (Parrott & Hertel, 1999) et validée par les travaux de ces dernières décennies en neurosciences (Damasio, 1999 ; Lyons, 1999 ; Belzung, 2010). De même, dans des contextes où la créativité des individus est sollicitée, les émotions jouent également un rôle que ce soit au niveau de la performance ou du développement de la flexibilité cognitive (Isen, 1999 ; Lubart, 2010). Cette contribution permet de réfléchir à l’interdépendance de trois variables, souvent étudiées par binôme ou séparément, que sont les émotions, la cognition et la créativité dans le contexte d’enseignement apprentissage du français, langue seconde, dans l’enseignement professionnel.