Les entretiens ou mentoring conversation (Orland-Barak, 2006) représentent un exemple typique de discours issus de dispositifs de formation à l’enseignement en alternance. Ces échanges discursifs entre tuteurs et stagiaires sont considérés comme des lieux privilégiés de soutien à la construction de savoirs professionnels à propos du travail enseignant (Hennissen & al., 2008). Ainsi, cette communication s'intéresse aux contenus (Balslev, 2016) issus de six entretiens de stage, réalisés à trois temps différents entre deux tutrices et leur stagiaire en formation initiale à l’enseignement primaire de Suisse romande.
Le dispositif mis en œuvre pour récolter les données est inspiré du modèle de recherche-formation des Lesson Study-LS. A l’origine, cette approche engendre des analyses collectives entre enseignants à propos de l'étude, la planification, la réalisation, l'analyse et la modification d’une leçon d’enseignement (Miyakawa et Winsløw, 2009). Ces buts ont été transférés à l’étude collective d’entretiens posteleçons entre tuteurs. Les leçons ont donc été remplacées par les Mentoring Conversation (désormais MCS, De Simone, 2018, à paraître). Ainsi, comme pour une LS, le processus MCS se déroule de manière longitudinale, par boucle d'étude collective entre tuteurs, de planification, de mise en œuvre, d’analyse et de régulation d’entretiens. Tout en apportant un éclairage à propos des types de savoirs, et des processus de pensée émergeant de leurs discours, cette contribution souhaite également questionner l'effet du dispositif MCS sur le développement professionnel des tuteurs. La grille d’analyse des conversations s’appuie sur différents travaux traitant d'entretiens et d'échanges discursifs entre tuteurs et stagiaires (Timperley, 2011; Balslev, 2016).