L'évaluation de la perception des compétences linguistiques des apprenants valdôtains
Auteur, co-auteurs
Type de référence
Date
2011-06Langue de la référence
FrançaisEntité(s) de recherche
Résumé
Le Cadre Européen Commun de Référence pour les langues [désormais CECR] (2001) a défini le plurilinguisme comme la pratique plurielle des langues d’un individu. Le déséquilibre linguistique fait que chaque compétence ne se trouve pas bien rangée dans différents tiroirs fermés, mais que les compétences sont décloisonnées et qu’elles « interagissent » entre elles. De plus, avec la publication du CECR, un grand stéréotype s’est écroulé, même s’il persiste encore chez certains : la chute du mythe du bilinguisme parfait. Le déséquilibre des compétences ne signifie pas la chute ou l’instabilité de la personne, mais au contraire, il s’agit de voir ce pluriel comme une richesse supplémentaire pour l’identité de l’individu (CECR, 2001). Pourtant, une ombre obscure suit et colle à la peau de cette métaphore du déséquilibre et l’empêche de véritablement s’épanouir dans l’apprentissage des langues. Le déséquilibre oscille alors entre la richesse, grâce et par le CECR, et le handicap, par sa dénotation purement négative. Comment cette richesse ou ce handicap se traduit-il dans un contexte bilingue?
La Vallée d’Aoste [désormais VDA] est une région du nord de l’Italie qui se démarque par son bilinguisme institutionnel franco-italien. Le système scolaire délivre une éducation se revendiquant bi-/plurilingue tout au long de la scolarité, de l’école maternelle à l’école secondaire du deuxième degré (le lycée). Depuis 1998, avec la réforme sur l’Esame di Stato (le baccalauréat) en Italie, les épreuves de français ont été repensées en VDA et la quatrième épreuve (quarta prova) [désormais 4ème épreuve] de français a été instaurée afin de proposer une épreuve à l’Esame di Stato incluse dans ce continuum.
Cependant, ce territoire est actuellement partagé entre l’idéologie d’un bilinguisme comme addition parfaite de deux langues et la réalité, à savoir que ce bilinguisme parfait n’existe pas et que tous les acteurs y gagneraient à concevoir une compétence plurilingue déséquilibrée dans le cadre d’une éducation plurilingue. L’aspiration idéologique de la perfection a donc eu des répercussions sur le système éducatif. La 4ème épreuve de français en VDA relève d’un niveau taxonomique très élevé. L’épreuve de français est la copie conforme de l’épreuve d’italien qui est, quant à elle, nationale ; mais ce calque pose de nombreux doutes.
Les questions qui ont motivé l'enquête sont donc les suivantes :
1. vu que le système leur fait passer des épreuves identiques, les apprenants valdôtains ont-ils une perception déséquilibrée ou équilibrée de leurs compétences en français et en italien ?
2. la VDA présente-t-elle une situation de bilinguisme parfait ou de plurilinguisme déséquilibré ?
3. entre l’entrée et la sortie du lycée, en français et en italien, y a-t-il un accroissement, une stabilité ou une diminution du SEP ?
Ces questions montrent que ce n’est pas une évaluation en termes de niveau de compétences ou de réussite, mais de perception des compétences. Une évaluation des compétences aurait été inutile dans la mesure où les recherches sur le territoire montrent bien des compétences asymétriques. Néanmoins, l’idéologie linguistique en VDA et l’implicite qui se cache derrière une évaluation symétrique à l’Esame di Stato peuvent laisser croire que les apprenants perçoivent véritablement une symétrie de leurs compétences. Par conséquent, passer des épreuves symétriques entre les deux langues ne poserait aucun souci.
Cette communication vise à exposer les résultats d'une enquête empirico-déductive considérée qualitative, de par sa nature interrogatoire et exploratoire (Blanchet, 2000) sur la perception des compétences. Elle a été réalisée dans six établissements aux parcours formatifs très hétérogènes, soit sur 346 élèves. L'évaluation de la perception des compétences en italien et en français a été réalisée en première et en dernière année de lycée. Les résultats généraux ainsi que certaines variables seront exposés afin de mettre en évidence ce paradoxe de la VDA et de montrer que les compétences fortes, comme la compréhension orale, ne sont pas valorisées dans l’évaluation certificative de l'enseignement secondaire alors que les compétences plus faibles, comme la production écrite, sont fortement évaluées et pénalisées.
Nom de la manifestation
Colloque International de l’Association Francophone Internationale de Recherche Scientifique en Education (AFIRSE)Date(s) de la manifestation
14-17 juin 2011Ville de la manifestation
ParisPays de la manifestation
FranceURL permanente ORFEE
http://hdl.handle.net/20.500.12162/1383- Tout ORFEE
- Détail référence