Intégrer des instances participatives au long du parcours de formation : quelles pratiques, pour quel développement de compétences transversales ?

Abstract

On remarque actuellement combien l’acquisition de compétences transversales a acquis un statut particulier au sein des référentiels et programmes d’enseignement supérieur (Letor, 2019). En parallèle, l’implication des étudiant-e-s dans la gouvernance universitaire fait partie intégrante des processus d'assurance qualité et du cadre légal (art. 59, LEHE). La participation des étudiants dans la vie institutionnelle est présentée en tant que projet d’intérêt pour impulser des changements et promouvoir des délibérations inclusives et authentiques sur des questions communes (Commission Européenne, 2009; Kennedy & Pek, 2023). Globalement, les apports et acquis de cette participation à des espaces délibératifs et consultatifs nous semblent peu connus et peu exploités. Il importe ici de souligner le caractère optionnel de cette implication et potentiellement complémentaire au développement des compétences disciplinaires. On remarquera que les mécanismes traditionnels de participation estudiantine peuvent souvent se limiter à l’évaluation des enseignements par les étudiant-e-s (EEE) ou évaluation d’autres prestations universitaires. Naylor et al. (2021) s’interrogent sur la généralisation et l’efficacité de ces procédés, qui semblent susciter une participation peu significative des étudiants. De plus, les auteurs opposent deux visions différentes que peuvent avoir les institutions d’éducation tertiaires des étudiants ; l’une en tant que simples clients et l’autre en tant qu’agents actifs. Toutefois, au vu de la diversité croissante des profils étudiants et de la complexité des défis sociétaux actuels, il semble pertinent de susciter l’engagement des étudiants dans la vie institutionnelle de la haute école en mobilisant des capacités transversales. Cette opportunité (complémentaire) d’apprentissage pourrait s’avérer être un bon moyen de s’outiller pour faire face aux défis qui les attendent après les études. Cette contribution interroge la place et le vécu des acteurs et actrices des dispositifs et instances de participation. Concrètement, nous présenterons les résultats d’une recherche-action en cours dont l’objectif est de situer les effets, en termes de développement professionnel et de développement de compétences transversales, de la participation à des instances de représentation des étudiant-e-s. Dans quelle mesure les instances participatives mises en place au sein de la haute école peuvent-elles contribuer à la promotion et/ou au développement des compétences transversales ? Quelles sont les raisons et motivations qui poussent les étudiant-e-s à endosser ce rôle de représentant-e et à intégrer les dispositifs participatifs ? Quelles sont les retombées de cette participation et expérience académique pour la pratique et la formation des enseignant·e·s? En nous appuyant sur une méthodologie qualitative, nous avons réalisé une enquête ancrée dans le vécu des étudiant-e-s et participant-e-s à diverses instances (commission participative; conseil de la HEP; commissions des études; groupe consultatif des étudiants pour l’optimisation de la formation pratique ; etc.) de notre institution. Des entretiens semi-directifs et des observations de séances sont en cours de réalisation. En perspective, les apports de cette recherche seront mobilisés dans le cadre de l’activité du centre assurance qualité. La valorisation de cette implication auprès des apprenants et enseignants représente un défi majeur. Concrètement, il s’agira d’expliciter des situations significatives de développement professionnel des enseignant·es et de porter un regard renouvelé, afin de concevoir des actions, scénarios et modalités futures, au plus proche des espaces et acteurs diversifiés.