La transition des élèves de l’accueil à l’ordinaire : enjeux et limites du « stage partiel d’immersion »

Abstract

A l’instar d’autres contextes, le canton de Vaud a connu une arrivée importante d’élèves dans les structures de l’accueil ces dernières années. Des classes se sont ouvertes, des enseignant-e-s ont été engagé-e-s. Après la question de la capacité d’accueil, est arrivée celle de la transition en classe ordinaire. Si la loi scolaire vaudoise limite la fréquentation des classes d’accueil à une année voire deux, les établissements scolaires ont la possibilité de prévoir en amont, un « stage » qui permet aux élèves de l’accueil de fréquenter les classes de l’ordinaire avant le dit passage. Ces stages sont de nature diverse puisque chaque établissement a la liberté de son organisation au sens large (objectif, durée, critère d’accès, etc.). Différentes expériences dits de « stage d’intégration » ont été documentées dans le canton, stages durant lesquels les élèves de l’accueil se rendaient pour un temps déterminé en classe ordinaire. Les études ont souligné l’attrait de ces dispositifs pour les élèves bénéficiaires, y voyant une forme de reconnaissance de leur compétence, mais soulevant des interrogations quant à leur accessibilité et encadrement pédagogique (Aebischer & Ribet, 2017; Mathivat, 2016).

Un dispositif similaire mais plus récent, nommé « stage partiel d’intégration » a été mis sur pied durant l’année 2022-2023 dans le canton de Vaud. Ce dispositif a pour objectifs annoncés l’apprentissage du français « par immersion » et la « découverte » de la culture scolaire. Il a fait l’objet d’étude qualitative (Zhyvylo, 2023) dont nous souhaitons présenter quelques résultats dans cette communication. A partir d’un cadre théorique autour de la transition (Zittoun & Perret-Clermont, 2002), cinq entretiens ont été menés auprès des enseignant-e-s participant-e-s au dispositif. Les résultats mettent en évidence une expérience relativement positive de l’enseignement, mais soulèvent également de fortes interrogations quant à la pertinence pédagogique du dispositif. Plus largement, ils illustrent les tension de l’école « à visée inclusive » au regard du public scolaire issus de la migration (Bauer & Borri-Anadon, 2021).