Un sac d’histoires pour passer des frontières : comment construire des savoirs qui soutiennent le développement des élèves en classe d’accueil ?

Abstract

Les classes d’accueil sont constituées d’élèves qui rendent saillante la diversité culturelle, linguistique, ethnique et religieuse. Ces élèves ont donc des références culturelles et des expériences de vie multiples. Certains ont l’expérience de la guerre et des trajectoires compliquées. Ils ont vécu des ruptures scolaires voir l’absence de scolarité. En Suisse, parfois ces élèves se retrouvent dans une instabilité administrative liée à la politique d’asile (Sanchez Mazas, 2022). A ceci s’ajoute que certaines langues ou certains systèmes d’écriture sont éloignés des nôtres. Dans ce contexte, les langues des élèves sont effectivement en contact mais sont-elles pour autant des outils de construction de savoirs et pour quels savoirs ? Comment faire pour s’appuyer sur le répertoire des élèves et leurs compétences académiques (Cummins, 2001)? Ne fragilise-t-on pas d’avantage ces élèves ? Quel est le rôle de la langue de scolarisation et celui des autres langues ? Quelles langues privilégier, à quel moment et pourquoi ? A cette dimension personnelle s’ajoute la mouvance des flux dans la classe d’accueil (Deschoux, 2019) liés aux élèves où les effectifs vont du simple au double suivant la période de l’année. Dans ces conditions de hautes incertitudes et de mouvance, pour l’enseignant, il est délicat d’identifier et de se baser sur le « déjà -là » pour enseigner et assurer une progression. Dans cette contribution, nous présentons un projet collaboratif impliquant des enseignant.es de classe d’accueil qui s’appelle « le sac d’histoires ». Nous évoquons deux moments de développement qui ont donné lieu à quatre sacs d’histoires et une plateforme scénarisant leur confection. Puis nous poursuivons en pointant les choix effectifs posés en classe par les enseignants. Nous filons trois axes (le travail multiple de la compréhension, la narration d’histoires à d’autres élèves et la place des approches plurielles) pour exposer des pistes de formation à développer dans notre haute école pédagogique. Nous montrons qu’il est judicieux d’articuler des approches plurielles à la construction d’objets d’enseignement disciplinaire et qu’il existe des pratiques sédimentées à pointer pour renverser la perspective du déficit et appréhender ce que les élèves proposent.