Transformations : des séances d’EDD pour passer de l’éco-anxiété à l’action.

Abstract

CONFÉRENCES ORALES 9 - Santé mentale et enseignement - MARDI 27 JUIN DE 9H35 – 11H15:

« Nous (étudiant.e.s) ne mourrons pas de vieillesse, nous mourrons des conséquences du changement climatique ». Cette phrase d’Elizabeth Wanjiru Wathuti, reprise par Dageville (2022), met en évidence la détresse d’une génération face aux défis de l’Anthropocène. Différentes problématiques en Développement Durable soulèvent des questions éthiques, interrogent nos valeurs et nos relations à l’environnement, aux autres et à nous-mêmes, voire bouleversent nos émotions. En effet, ces changements exigent que nous soyons capables d'appréhender un ensemble complexe de problèmes afin de les comprendre et de les analyser, de saisir les défis individuels et sociétaux qu'ils posent et, en pleine conscience des enjeux, de décider de notre comportement pour agir en citoyen responsable (Gey et al., 2022). Ces problématiques créent un contexte incertain et anxiogène qui génère des sentiments difficiles (p.ex., peur, insécurité, impuissance, perte de confiance, détresse). Ce mal-être renvoie au terme d’éco-anxiété (Desmarais et al., 2022 ; Hickman et al., 2021) qui peut avoir des effets délétères sur la santé mentale des jeunes, leur concentration, leur prise de décision et mener jusqu’à des formes d’inaction. Partant de la nécessité de traiter de ces problématiques à l’Ecole sans exacerber l’anxiété ou paralyser les élèves, nous nous sommes alors posés est la suivante : Quels sont les freins et les leviers à considérer en Education en vue d’un Développement Durable (EDD) pour tendre vers un passage à l’action et limiter le développement d’éco-anxiété chez les élèves ?

Nous avons élaboré un questionnaire autorapporté pour les élèves et des entretiens semi-dirigés destinés aux enseignants. L’échantillon de convenance, composé de 14 classes et 319 élèves (de la 5H à la 11H), ont répondu à ces questions avant et après une séquence d’EDD clé en main. Le questionnaire avait pour but d’évaluer différents facteurs comme le sentiment de compétence, la confiance en soi et le pouvoir d’agir ; les entretiens visaient à définir les représentations des enseignants et à évaluer les ressources proposées (Transformations).

Les résultats quantitatifs préliminaires ne font ressortir aucun changement significatif chez les élèves. Au niveau qualitatif, les enseignant·e·s sont très satisfaits des ressources pédagogiques proposées (p.ex., thématiques et pédagogie de projet, activités clé en main) mais ont rapporté des difficultés avec les grilles d’évaluations proposées pour situer les élèves dans l’évolution de leurs acquisitions de certaines compétences.

Ces résultats indiquent que travailler ces thématiques est intéressant et ne décourage pas les élèves à agir. Les prochaines analyses doivent permettre de mettre en évidence les éventuelles variables plus sensibles aux thématiques générant de l’éco-anxiété (p.ex., le sentiment d’efficacité ; Innocenti et al., 2023) et les leviers à notre disposition. De la même manière, les retours des enseignant·e·s nous permettront d’améliorer les ressources pédagogiques et les mesures développées pour ce projet (p.ex., questionnaire). Enfin, les besoins de formations soulignés par une majorité des enseignant·e·s nous permettent de réfléchir à la conception de formations continues.