Usage de la vidéo dans l’enseignement secondaire : apports de la TACD et de la socio-sémiotique pour l’étude des interactions multimodales lors des processus de double sémiotisation

Abstract

La communication proposée a pour objectif de soumettre à l’avis de la communauté une articulation théorique originale et un protocole de recueil de données au service d’un travail de recherche en cours de développement.

Pour contribuer à l’étude de la place des technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement secondaire, nous visons à caractériser le processus de double sémiotisation (Schneuwly, 2000) qui accompagne la mise en œuvre de tâches vidéo-centrées en classe.

S’appuyant sur la dimension instrumentale de l’épistémologie vygotskienne, la double sémiotisation consiste, pour l’enseignant, 1. à rendre présent un contenu sous une forme matérielle – ici la vidéo – et 2. à guider l’attention de l’élève sur les dimensions essentielles de l’objet (Marlot, 2014) par des procédés sémiotiques divers.

Nous faisons l’hypothèse que, l’usage de la vidéo et sa double sémiotisation, impactent le processus d’enseignement-apprentissage. Pour éprouver cette hypothèse, nous proposons d’analyser les effets des sémiotisations de la vidéo sur les dimensions proposées par la Théorie de l’Action Conjointe en Didactique (Sensevy, 2011) : la mésogenèse, la chronogenèse et la topogenèse. Ces dernières permettraient, respectivement, de répondre aux questions suivantes :

- Quels signes investissent et font évoluer le milieu lors de l’usage de ce type de support et quels en sont les enjeux pour l’acquisition des contenus par les élèves ?

- En tant que flux d’informations qui modifie provisoirement mais fortement les possibilités d’interactions, comment la vidéo s’ancre-t-elle dans la temporalité de l’avancée du savoir au sein de la séance ?

- Comment la vidéo et ses sémiotisations impacte-t-elle la partition des responsabilités entre les élèves et l’enseignant quant à l’avancée du savoir en classe ?

Puisque ces trois dimensions, et leurs évolutions, dépendent d’actions conjointes de natures diverses (verbales, écrites, gestuelles, iconiques, symboliques, etc.), y porter un intérêt sémiotique ne peut se faire qu’à l’aide d’un cadre assumant une conception multimodale des interactions (Filliettaz, 2018). C’est pourquoi nous mobiliserons la socio-sémiotique de Kress (Kress & al., 2001) pour tout à la fois décrire la double sémiotisation de la vidéo, et ses impacts sur les agents, les milieux et les temporalités des situations d’enseignement-apprentissage observées.

Enfin, notre présentation explicitera comment et avec quels outils d’analyse, la captation audiovisuelle de séances d’enseignements usant de la vidéo, deux entretiens avec les enseignants concernés (pré et post), la récolte des productions des élèves et un entretien avec quelques-uns de ces derniers, permettront de répondre aux objectifs de la recherche.