"Je" rappé, dessiné, écrit : écritures de soi en contexte numérique

Abstract

Depuis l’avènement du numérique, la génération Z s’explore par le biais de pratiques d’expression et de mise en scène de soi particulièrement présentes sur les réseaux sociaux, les plateformes vidéo ou les supports audiovisuels (Téléréalité, séries TV, etc.). Ainsi, la culture juvénile semble désormais s’inscrire dans une dynamique de l’« extime » (Tisseron, 2001, 2010), à l’intérieur de laquelle l’image et l’exhibition de l’intimité sont omniprésents. Habitués aux univers multimodaux, aux vidéos YouTube et aux stories, les élèves semblent avoir de la difficulté à s’approprier la lecture d’œuvres de littérature classique, fictionnelles et unimodales (Vandendorpe, 2012). Face à ce constat, nous proposons de décloisonner le genre de l’autobiographie, traditionnellement enseigné au degré post-obligatoire à travers Rousseau ou Proust, en l’abordant en contexte numérique et à partir de formes uni- et multi-modales de l’extrême contemporain. Nous souhaitons nous fonder sur les pratiques culturelles des apprenant.e.s en façonnant un dispositif didactique numérique, ayant comme enjeux : celui de favoriser un développement de la littératie uni- et multi-modale (Boutin, 2010) ; ainsi que celui de questionner ces adultes en devenir sur les manières de traiter l’intime dans notre société hypermoderne.

Dans l’idée d’explorer le potentiel créatif du numérique, notre dispositif se conçoit sur un mur collaboratif (Padlet), regroupant sous la thématique de l’écriture de soi un corpus (extraits) d’œuvres autobiographiques hétérogènes qui comprend : de la littérature autobiographique de l’extrême contemporain (Edouard Louis, "En finir avec Eddy Bellegueule") ; du roman graphique autobiographique (David B., "L’Ascension du Haut mal", Dominique Gobelet, "Faire semblant c’est mentir") ; de la littérature numérique (Philippe De Jonckheere, "Desordre.net") ; des chansons [rap, slam] (Gaël Faye, "Petit Pays", Eddy de Pretto, "Mamere", "Kid").