De tout temps, les êtres humains ont organisé des rites autour du mourir avec, comme objectifs, de souligner la réalité de la disparition, d’aider à penser la mort et d’en faire une expérience signifiante (Baudry, 1998), puisque seul l’homme est conscient de sa finitude, à l’inverse de l’animal. Face à l’angoisse et à l’incertitude que la mort induit, les rites funéraires servent alors à prendre congé du défunt, à symboliser son départ dans l’inconnu, ou à un état nouveau, mais aussi à soutenir ceux qui restent, à ressouder la collectivité et à permettre à la vie de continuer.

Quand la mort entre à l’école et touche un, voire plusieurs, membres de la communauté scolaire, organiser des rituels au sein de la classe ou de l’établissement peut se révéler aidant pour traverser l’épreuve. A l’image des rites funéraires dans la société, les rituels que la communauté éducative peut mettre en place, pour soutenir ses membres affectés, vont ainsi remplir les trois principales fonctions :
• Un temps de séparation, à travers une cérémonie ou des hommages ;
• La possibilité d’exprimer ses émotions dans un cadre contenant;
• Un renforcement des liens dans le groupe endeuillé.

Cette contribution se propose d’exposer les enjeux de la mise en place de rituels pour accompagner l’élève, la classe ou l’établissement endeuillés. Elle sera exemplifiée de propos tirés d’entretiens de recherche auprès d’anciens élèves ayant vécu un deuil, d’enseignants et de chefs d’établissement.