Les institutrices mariées : Des carrières au prisme du genre
Married Women Teachers: Careers Through A Gender Lens
Auteur, co-auteurs
Type de référence
Date
2025-07-11Langue de la référence
FrançaisEntité(s) de recherche
Résumé
Face à la crise économique des années 1930, le travail des femmes fait l’objet de remises en question dans de nombreux pays industrialisés. Cette période voit émerger une « véritable offensive contre l’activité professionnelle des femmes dans les services publics » (Schoeni, 2012, p. 15). Le domaine de l’éducation, en particulier, devient un terrain de tensions et de débats concernant la place des femmes dans la profession.
En 1932-33, le Bureau International d’Éducation (BIE) réalise une enquête intitulée La situation de la femme mariée dans l’enseignement. Cette étude met en évidence les discriminations qui frappent les enseignantes (Hofstetter & Schneuwly, 2024), tout en faisant émerger, de manière implicite, une catégorie professionnelle spécifique : les institutrices mariées. Ces dernières cumulent les discriminations liées à leur sexe, leur statut marital et leur appartenance à la fonction publique, ce qui les rend particulièrement vulnérables dans ce contexte de crise économique et de remise en cause du travail féminin.
Cette contribution, issue d’un travail de thèse (Siné, en cours), s’inscrit dans la lignée des recherches consacrées à l’histoire des carrières enseignantes dont van Essen et Rogers (2003) ont fourni un état des lieux historiographique. Elle se focalise sur les institutrices mariées, une catégorie particulièrement affectée par les inégalités professionnelles dans les années 1930. L’objectif de cette étude est de mettre en lumière les différenciations sexuées dans les carrières des institutrices mariées. Il s’agira à la fois de dévoiler les discriminations structurelles qui ont pu menacer ou frapper cette catégorie d’enseignantes et d’explorer les stratégies que celles-ci ont su déployer pour les contrer.
En adoptant une approche socio-historique, à l’instar de Cacouault-Bitaud (2007), combinée à une analyse genre (Scott, 1986) et enrichie par une méthodologie micro-historique (Ginzburg & Poni, 1981), cette étude offre une perspective multidimensionnelle. Le cadre géographique retenu est le canton de Vaud, en Suisse, une région francophone située à la croisée des influences culturelles française et allemande. Ce choix permet d’explorer, à une échelle locale, les dynamiques spécifiques de la différenciation sexuée des carrières dans un contexte où se mêlent traditions nationales et échanges transfrontaliers.
Pour cette analyse, des sources variées sont mobilisées. En plus des textes législatifs et des débats parlementaires, des pétitions d’institutrices mariées, une enquête syndicale et des articles de presse féministes sont aussi étudiés. La complémentarité de ces matériaux permet d’offrir une vision plus fine des obstacles de carrière rencontrés par ces femmes, ainsi que des stratégies qu’elles ont développées pour affirmer leur place dans l’enseignement, malgré les discriminations structurelles liées au genre.
Résumé traduit en anglais
Faced with the economic crisis of the 1930s, the work done by women was called into question in many industrialised countries. This period saw the emergence of a ‘veritable offensive against women's professional activity in public services’ (Schoeni, 2012, p. 15). The field of education, in particular, became an area of tension and debate concerning the place of women in the profession. In 1932-33, the International Bureau of Education (IBE) conducted a survey entitled The Situation of Married Women in Education. This study highlighted the discrimination faced by women teachers (Hofstetter & Schneuwly, 2024), while implicitly highlighting a specific professional category: married women teachers. These women suffered discrimination on the grounds of their gender, marital status and civil service status, which made them particularly vulnerable in a context of economic crisis and of women's work being questioned. This contribution, the result of a thesis (Siné, in progress), is in line with the research devoted to the history of teaching careers, for which van Essen and Rogers (2003) provided a historiographical overview. It focuses on married women teachers, a category particularly affected by professional inequalities in the 1930s. The aim of this study is to highlight the gendered differences in the careers of married women teachers. The aim is both to reveal the structural discrimination that threatened or affected this category of teachers and to explore the strategies the women used to counter it. By adopting a socio-historical approach, following the example of Cacouault-Bitaud (2007), combined with a gender analysis (Scott, 1986) and enriched by a micro-historical methodology (Ginzburg & Poni, 1981), this study offers a multidimensional perspective. The geographical setting is the canton of Vaud in Switzerland, a French-speaking region at the crossroads of French and German cultural influences. This choice makes it possible to explore, on a local scale, the specific dynamics of gendered career differentiation in a context where national traditions and cross-border exchanges mingle. A variety of sources were used for this analysis. In addition to legislative texts and parliamentary debates, petitions from married women teachers, a trade union survey and feminist press articles were also studied. The complementary nature of these materials provides a more detailed picture of the career obstacles faced by these women as well as the strategies they developed to assert their place in the teaching profession, despite structural gender discrimination.Nom de la manifestation
ISCHE 46 Lille - Teachers and Teaching. History on the moveDate(s) de la manifestation
8-11 juillet 2025Ville de la manifestation
LillePays de la manifestation
FrancePortée de la manifestation
internationaleURL permanente ORFEE
http://hdl.handle.net/20.500.12162/8527- Tout ORFEE
- Détail référence