En Suisse, les injonctions politico-légales concernant l’école à visée inclusive ont généré davantage d’hétérogénéité, complexifiant, voire générant une mutation de la profession enseignante (Garcia, 2023) et pouvant mettre à mal la relation maître-élève. En outre, le fonctionnement des écoles secondaires vaudoises (élèves de 12 à 15 ans) s’est modifié avec la loi sur l’enseignement obligatoire de 2013. Depuis, les élèves sont orientés à 11 ans selon leurs résultats scolaires en deux voies (prégymnasiale pour ceux ayant de bons résultats, et générale pour ceux n’atteignant pas les exigences précédentes). Les élèves de voie générale sont en sus répartis selon deux niveaux dans trois disciplines. Ce fonctionnement génère de la ségrégation et de la stigmatisation dans les différents environnements scolaires, impactant l’apprentissage social des élèves (Carré, 2004).
La conception d'interventions en milieu scolaire visant à soutenir les apprentissages et le bien-être des élèves et des professionnels peut être soutenue par une dimension écologique sociale importante : le climat scolaire. Il impacterait la réussite scolaire (Maxwell et al., 2017) et la santé mentale des enfants et adolescents (Aldridge & McChesney, 2018), ainsi que le sentiment d’auto-efficacité des enseignants et leur satisfaction professionnelle (Aldridge & Fraser, 2016). Or les études se limitent souvent à une ou plusieurs dimensions du climat scolaire, sans considérer l’environnement socioéducatif dans son ensemble, qui inclut aussi les pratiques pédagogiques et les problèmes de violence (Janosz et al., 1998). Étudier ces trois dimensions permet de guider les professionnels d’une école dans les actions à modifier ou à mettre en place afin de favoriser le bien-être de tous ses acteurs, la réussite scolaire des élèves et le maintien en poste des enseignants (Janosz & Bouthilliez, 2007). Le but de cette communication est de dresser le portrait de l’environnement socioéducatif d’une école et d’examiner les facteurs impactant le plus le climat scolaire. Aussi, en identifiant les perceptions des élèves et des professionnels de l’école à l’aide d’un instrument de mesure apparié, cette étude vise à dépasser le constat stipulant que, le plus souvent, seules les perceptions d’un groupe d’acteurs de l’école sont étudiées, en général les élèves (Maxwell et al., 2017).
Les données ont été récoltées dans une école vaudoise en automne 2024, auprès de 502 élèves (9-16 ans) et de 49 professionnels avec une adaptation du Questionnaire sur l’Environnement socioéducatif au Secondaire (QES ; Janosz & Bouthiliez, 2007). Le QES est issu du modèle théorique de l’influence de l’environnement scolaire sur l’adaptation et la réussite des élèves de Janosz et al. (1998). Les données étant en cours d’analyse, nous émettons les hypothèses suivantes : 1) les enseignants ont des perceptions plus positives des trois dimensions de l’environnement socioéducatif que les élèves ; 2) un climat scolaire positif est impacté positivement par les pratiques pédagogiques et négativement par les problèmes de violence et 3) les caractéristiques sociodémographiques des élèves (âge, voie de scolarisation) et des professionnels (âge, années d’expérience) influencent les trois dimensions de l’environnement socioéducatif. Les résultats fourniront des recommandations en termes de pratiques pédagogiques visant à améliorer l’environnement scolaire.