Vous le prendrez en accompagnement ou en plat de résistance ?
Auteur, co-auteurs
Type de référence
Date
2013Langue de la référence
FrançaisEntité(s) de recherche
Résumé
L’alternance peut être problématisée de multiples façons. Si jusque dans les années 90 la distinction théorie-pratique se trouvait au centre des préoccupations, depuis d’autres formulations et questions ont pris le relais, et ce symposium en est l’illustration. Dans cette communication, nous aborderons la question sous deux angles complémentaires. Le premier relève de la question du pouvoir et de la division du travail entre les acteurs de l’alternance, à savoir les praticiens chercheurs et formateurs d’une part, et les praticiens enseignants d’autre part. Pour le second angle, nous mobiliserons les concepts d’appropriation, de désappropriation et de réappropriation par les différents acteurs de l’école et de la formation.
Nous adopterons la perspective latourienne (Latour, 1996; Latour, Woolgar, & Salk, 1979) décrivant les chercheurs comme des praticiens « comme les autres », dont la production est faite de théorisations. L’universitarisation de la formation des enseignants renforce une division du travail entre praticiens-chercheurs et praticiens-enseignants, avec potentiellement des enjeux de pouvoir. Par exemple, relevons que le titre du symposium présente une dissymétrie dans l’agencement des termes, et réintroduit une forme de dualité : les savoirs — production des praticiens chercheurs — y sont présentés comme une référence, alors que l’expérience — production des praticiens enseignants — y est vue comme objet d’un usage. Cette dissymétrie n’introduit-elle pas un surplomb de l’expérience par les savoirs ? Et si elle reflétait une tentative de prise de pouvoir des « savants » sur les « expérimentants » ? Ne pourrait-on pas penser également l’expérience comme référence, et les savoirs comme objet d’un usage ?
En filigrane c’est toute la question de l’appropriation par les uns des productions des autres : appropriation (ou réappropriation voire désappropriation) par les enseignants des résultats des chercheurs et des théorisations parfois scientifiques qui vont avec, mais aussi appropriation par les chercheurs des pratiques, des « théorèmes en actes » et des « connaissances en acte » des enseignants (Vergnaud, 1996). Le terme appropriation contient l’idée d’adaptation, mais aussi de détournement d’usage, voire de subversion. Des parallèles ont été faits entre l’adoption et l’appropriation d’un dispositif technique, tel un smartphone, et des éléments théoriques dans une formation d’adulte (Poizat, 2012). Dès lors, l’appropriation ne saurait être une conformité servile, mais une recréation à partir entre autres de l’ergonomie au sens de facilité d’usage, de la familiarité, de l’utilité perçue, de la facilité d’apprentissage, etc. (Caroll, Howard, Peck, & Murphy, 2003).
Nous montrerons que ces deux angles d’approche, pouvoir et appropriation, sont complémentaires, et mettent en lumière des questions importantes relativement aux écarts souvent constatés entre les préfigurations et préconisations de la formation et les pratiques réelles dans les classes. S’agit-il d’ignorance ou de méconnaissance ? De délinquance ? De résistance au changement ? Ou peut-être d’une « liberté buissonnière des pratiques » (De Certeau, 1990) ? Dès lors, se pose la question de la place de l’étudiant en stage, plongé dans un champ en tensions, structuré par des rapports de pouvoirs et balisé par des dévalorisations des praticiens de l’autre bord. Peut-on l’accompagner pour éviter les crispations identitaires improductives ?
Nom de la manifestation
SYMPOSIUM Université du Québec à Trois-Rivières & HEP Lausanne : Savoirs de référence et usage de l’expérience du travail dans la formation en alternanceDate(s) de la manifestation
29-31 mai 2013Ville de la manifestation
LausannePays de la manifestation
SuisseParticipation sur invitation
ouiURL permanente ORFEE
http://hdl.handle.net/20.500.12162/793- Tout ORFEE
- Détail référence