Durant la pandémie, les institutions d’enseignement supérieur ont organisé leurs enseignements à distance ou en mode hybride ou comodal. Malgré tous les aléas de cette situation, des retours d’expériences et certaines recherches (Audran et al., 2021) témoignent aussi de retombées positives pour les acteurs, enseignants1 et étudiants, comme un meilleur rapport aux moyens numériques pédagogiques et une vision plutôt positive des interactions synchrones en ligne. L’hybridation et la flexibilité de la formation pourraient à terme constituer de nouvelles dimensions des logiques institutionnelles (Charlier, 2022 ; Michelot, 2022 ; Pelletier & Mesny, 2021).

Cependant, dans quelle mesure ces changements de pratique ont-ils perduré au-delà de la période de pandémie ? Sont-ils susceptibles de favoriser certains enjeux liés à l’hybridation et ce, à plus long terme ?

Dans cette contribution, nous tâchons de répondre à ces questions dans le contexte de la Haute école pédagogique du canton de Vaud en Suisse (HEP Vaud). A l’aide des dimensions de l’hybridation (Charlier et al., 2006 ; Deschryver & Charlier 2014), nous analysons quantitativement et qualitativement l’évolution de ces dimensions à travers plusieurs types de données : projets d’innovation pédagogiques, interviews des personnes responsables du pilotage des programmes de formation, réponses aux évaluations des enseignements par les étudiants (EEE), documents de politique institutionnelle avant, pendant et après la pandémie. Nous tentons de comprendre les résultats dans le contexte spécifique de la HEP Vaud, en identifiant les conditions favorables à l’hybridation dans l’institution.