Se projeter dans l'avenir fait naturellement partie de l'être humain. Nous sommes des créatures tournées vers le futur, nous dit Vygotski, et ce regard vers l'avenir transforme notre présent. Nous utilisons notre imagination pour nous projeter et cela nous permet d'anticiper nos actions futures. L'imagination, quant à elle, s'appuie sur nos expériences passées et notre expérience sociale pour élaborer de nouvelles situations et de nouveaux comportements. La place de l'autre dans la projection et l'imagination se révèle importante. À travers ses descriptions ou ses récits, nous pouvons imaginer des situations que nous n'aurions jamais rencontrées, élargissant ainsi notre expérience du monde. Et si nous envisagions une formation basée sur les projections et les scénarios imaginés et partagés par un groupe de personnes ? Voilà la question qui a déclenché ma conférence. Basé sur la formation initiale des enseignants du secondaire, j'ai présenté un dispositif de formation en alternance qui vise à amener un groupe d'étudiants à imaginer les cours qu'ils doivent donner à leurs élèves dans le cadre de leurs stages dans les écoles, à imaginer les scénarios possibles ainsi que les dialogues qu'ils auraient avec leurs élèves. Ces récits projectifs sont écrits et partagés au sein du groupe de travail. La lecture de ces textes et le dialogue qui s'instaure autour de ces scénarios imaginés amènent chaque auteur à expliciter ses émotions, ses craintes, à anticiper les difficultés qu'il pourrait rencontrer, mais aussi à imaginer avec ses pairs des actions possibles pour faire face à ces situations. Ces scénarios imaginés sont transformés par les interactions au sein du collectif. La transformation de ces projections a un impact sur les pratiques réelles des stagiaires.