Emotions d’accomplissement : importance du soutien social

Abstract

Dans leur quotidien, les élèves ressentent pléthores d’émotions : l’enthousiasme face à une nouvelle matière, la frustration face à un problème qui leur semble trop compliqué ou encore la fierté d’un bon résultat. Les recherches récentes mettent en avant que les émotions d’accomplissement, i.e., les émotions qui sont liées aux conséquences des apprentissages (succès ou échec) ont d’importantes conséquences en termes de motivation, d’apprentissage et de réussite académique (Pekrun, 2006). Dans ce travail, nous nous intéressons à des éléments environnementaux comme antécédents de ces émotions auprès d’adolescents. Plus précisément, nous souhaitons évaluer dans quelle mesure le soutien social peut prédire ces émotions. Le soutien social est défini, ici, comme la perception de soutien en général ou face à un comportement spécifique de la part de leur réseau social et peut émaner des parents, enseignants ou des pairs (Malecki & Demaray, 2003; Taylor, 2011).

Dans ce travail, nous souhaitons évaluer dans quelle mesure le soutien social des parents, enseignants et pairs peut prédire les émotions ressenties par des élèves en classe et lorsque ceux-ci font leurs devoirs. Pour ce faire, nous avons sollicité 274 élèves (137 garçons, moyenne d’âge = 11.38, SD = 0.91) et leur avons soumis un questionnaire destiné à mesurer les émotions d’accomplissement (joie, anxiété et ennui) en classe et durant les devoirs (Lichtenfeld et al., 2012) ainsi que leur perception du soutien social parental, des enseignants ainsi que de leurs pairs (Malecki & Demaray, 2002). Le modèle d’équation structurelle montre une adéquation acceptable (CFI = 0.90, TLI = 0.89, RMSEA = 0.04, SRMR = 0.06) et met en évidence l’importance du soutien de la part des enseignants pour les émotions ressenties en classe ainsi que pendant les devoirs. En effet, ce soutien est lié positivement à la joie (tant en classe (z = 3.44, p <.001) que durant les devoirs (z = 2.72, p < .01)) et négativement à l’ennui (en classe - z = -3.51, p = .002 comme durant les devoirs - z =-2.04, p < .05). Le soutien parental semble quant à lui être un facteur protecteur face à l’anxiété puisqu’il est lié négativement à l’anxiété en classe (z = -3.06, p = .002) ainsi qu’à l’anxiété face aux devoirs (z = -2.80, p < .01). Finalement, le soutien des pairs semble être important pour prédire la joie ressentie en classe (z = 2.76 p < .01). Ces résultats montrent l’importance des différentes sources de soutien social dans l’émergence des émotions auprès d’adolescents. Ils suggèrent par ailleurs que différentes sources de soutien social peuvent être liées à différentes émotions, démontrant ainsi une complémentarité dans les types de soutien favorables au quotidien des élèves. Les implications pour les enseignant·e·s et les professionnel·le·s de l’éducation seront discutées.