La construction identitaire des élèves à l'épreuve de la différence à l'école.

Abstract

En étudiant la construction identitaire d’élèves issus de l’immigration dans ces contextes scolaires multiculturels et sensibles, nous avons mis en évidence la conception qu’ils se faisaient de leur place dans la société, en montrant comment l’expérience de la scolarité pouvait influencer de manière significative le processus d’intégration. Cette place ne renvoie pas obligatoirement à la possibilité pour ces élèves de reconnaitre la part belge de leur identité, elle renvoie surtout aux opportunités et aux ressources réelles ou symboliques qui leurs sont ouvertes dans l’espace scolaire (l’opportunité de rendre visible et de valoriser leurs différences individuelles) en fonction du projet de l’établissement et des pratiques professionnelles observées au quotidien. Elles peuvent être mobilisées par les élèves en vue de s’affranchir du poids déterminant de la condition sociale et de transcender les logiques ségrégatives et de la relégation qui pèsent sur leur trajectoire. La recherche montre que, même dans des contextes fortement exposés à des logiques de relégation ou bien à de la discrimination, ces élèves sont capables de contester les étiquettes négatives dont ils pourraient faire l’objet en mobilisant différents référents identitaires (désaffiliation ou ré-affiliation religieuse, référents de la culture populaire globalisée, regard critique et réflexif sur les ancrages communautaires). Ces élèves parviennent également, durant leur scolarité, à accumuler une série d’expériences qui vont progressivement fournir des ressources pour lire les situations et qui seront mobilisées dans leur parcours en fonction des obstacles rencontrés. Ce travail invite par conséquent à nuancer l’interprétation faites de dynamiques sociales observées dans les établissements scolaires les plus fragiles du système éducatif bruxellois qui font l’hypothèse d’un repli identitaire des élèves sur leurs origines et lisent derrières certaines revendications ethniques, un refus d’intégration dans la société d’accueil.