Adopter l’analyse de l’activité comme entité tierce pour constituer le collectif en formation

Abstract

Dans les situations de formation et d’enseignement, le collectif est souvent présupposé : des apprenants sont rassemblés au sein d’une unité de temps et de lieu, le travail des apprenants fait l’objet d’une prescription qui se veut optimale et une trajectoire de formation est anticipée. Toutefois, la constitution de ce collectif ne va pas de soi. Kaufmann et Trom (2010) proposent une modélisation où une entité tierce participe de la constitution du collectif. Plus précisément, Kaufmann (2010) émet l’hypothèse que la négociation d’un objet d’attention et d’action conjointes (l’entité tierce) rend possible une négociation des perspectives entre les acteurs concernés ainsi qu’une négociation de ce qui constitue, ou non, le groupe. Selon elle, il est possible d’observer une configuration triadique entre l’entité tierce, les individus et le groupe dans la constitution du collectif. Cette contribution propose d’adopter l’analyse de l’activité – au sens de l’engagement, ici et maintenant, saisit du point de vue de l’acteur concerné au sein d’une réalité qui résiste – comme entité tierce. Par hypothèse, l’analyse de l’activité est particulièrement intéressante, car contrairement à d’autres tiers, elle ne s’émancipe pas de l’activité conjointe (Kaufmann & Trom, 2010). L’entité tierce qu’est l’activité en tant qu’objet – elle est observée par les membres du collectif – est directement liée à l’activité des acteurs au sein du collectif en cours de constitution. Encore faut-il que l’activité, pour constituer une entité tierce, soit significative pour les acteurs. Dans le cas de la formation professionnelle des enseignants en alternance, nous observons deux choses. D’une part, une majorité des étudiants ne s’intéresse pas à l’activité d’enseignement présentée par leurs collègues étudiants. L’activité leur parait différente de la leur : elle leur semble contrainte par des paramètres non pertinents dans leurs situations. En un mot, ce n’est pas leur activité. D’autre part, l’analyse de leur activité en formation, en tant qu’apprenant, ne leur semble souvent pas pertinente à analyser. Ils peinent à faire le lien entre l’activité de l’apprenant et leur activité d’enseignant, et donc à analyser la relation entre leur activité d’apprenant et les conditions de celle-ci, qu’ils pourraient, dans un second temps, chercher à reproduire. Ces deux solutions restent pour autant une piste à explorer.