Cette contribution s’intéresse à la circulation des savoirs entre les différents lieux de la formation à l’enseignement (Marlot & Ducrey-Monnier, 2020). Cette circulation suppose l’existence de médiations (Vygotski, 1934/1997) favorisant une culture commune et des activités collectives. En effet, le modèle d’alternance intégrative, du fait de la mise en relation de différents types de savoirs, génère des rapports souvent conflictuels entre les dispositifs et les lieux de formation. Ces tensions ont pour conséquence de laisser à la charge de l’étudiant·e la gageure de construire des liens entre savoirs de recherche et savoirs d’expérience, ce qui pose effectivement la question de la médiation entre les savoirs académiques et le travail réel.
Dans le but de mieux comprendre les freins et les leviers de la collaboration entre les formateur·trice·s en institution et les formateur·trice·s de terrain et de contribuer ainsi à l’amélioration de la circulation des différents types de savoirs, ce projet met à l’étude un dispositif de co-formation entre formateur·trice·s académiques et formateur·trice·s de terrain. Ce dispositif met en jeu un concept transversal enseigné à la Haute école pédagogique du canton de Vaud (HEP Vaud) en formation initiale, le concept de secondarisation (Bautier et Goigoux, 2004). Ce dernier a été choisi pour sa transversalité tant au niveau disciplinaire qu’au niveau du type de formation (primaire ou secondaire). L’enjeu de la co-formation est de produire des activités d’alternance susceptibles de favoriser l’opérationnalisation de ce concept sur le terrain.
Nos données se composent des enregistrements vidéo des entretiens conduits à différents temps du dispositif de co-formation entre d’une part, les formateur·trice·s en institution et les formateur·trice·s de terrain, et d’autre part chacun·e des formateur·trice·s avec le·la même étudiant·e-stagiaire. Le recueil de ces données s’est réalisé autant que possible dans le contexte d’exercice habituel des acteur·trice·s. Nos analyses portent sur les échanges discursifs (Balslev, 2016) entre les protagonistes.
La communication présentera des résultats sur d’une part, les processus de négociation de sens entre acteur·trice·s et d’autre part, la production d’activités d’alternance intégratives (Gohlen, 2005) susceptibles de favoriser l’opérationnalisation du concept de secondarisation sur le terrain. L'identification des freins et des leviers dans les échanges entre les différents protagonistes (formateur·trice·s et étudiant·e-stagiaire) nous permettra de contribuer à l'amélioration du dispositif d'alternance intégrative en général, et à celui mis en œuvre à la HEP Vaud en particulier.