Lorsque l’ambition est de développer une plateforme éducative, articuler le numérique et le pédagogique peut consister à adopter une démarche itérative de conception pour adapter l’artefact aux besoins des utilisateurs. Cette démarche peut être décrite comme un apprentissage croisé entre concepteurs et utilisateurs (Hatchuel, 1996). L’évolution de la conception se caractérise alors par une réduction progressive des marges de manœuvre (Béguin, 2004).
Cependant, ce processus ne va pas de soi lorsqu’il faut articuler développement informatique et conception éducative. Les démarches itératives en informatique et en éducation ne sont pas de même nature.
En informatique, l’unité élémentaire d’un programme contraint son architecture (Johnson & Ekstedt, 2016). Inversement, un processus itératif de conception éducative (Perrin, Lussi Borer, & Flandin, 2022) consiste à tester un prototype dans des situations complexes pour en modifier certaines fonctionnalités. De manière analogique, une brique LEGO™ traditionnelle ne permet pas des assemblages à 45°. Ajouter cette contrainte implique de redesigner la brique élémentaire et l’architecture de la construction. Inversement, cela est souvent possible en éducation car les artefacts peuvent être transformés facilement.
Cette contribution analyse le développement de la plateforme DOKR. Elle explicite en quoi cette problématique a impliqué, après deux ans, de rependre le développement « à zéro ». Elle analyse comment la deuxième phase de développement est abordée. Elle met finalement en débat des principes de conception de plateformes éducatives favorisant la disponibilité, la résilience et la durabilité (Venters et al., 2018) en s’appuyant sur une approche de l’activité multi-niveau en relation de paire-étoile (Theureau, 2019).