Donner à voir, à signifier et à évaluer les dimensions implicites des pratiques enseignantes grâce à l’analyse combinée des traces vidéoscopiques et du vécu professionnel

Abstract

Dans notre communication, nous montons en quoi la mise en place d’entretiens d’autoconfrontation simple (Theureau, 1992) permet de comprendre comment s’organise l’activité des enseignant·es dans toute sa complexité et plus spécifiquement d’appréhender la manière dont ils·elles prennent en compte le groupe classe et ses caractéristiques pour exercer leur autorité. Nous présentons notamment les particularités de notre approche située de l’action (Lussi Borer & Muller, 2014). Puis, nous décrivons notre dispositif de recherche, qui en combinant observation in situ et explicitation du vécu par les acteur·trices, nous permet de mettre à jour le déploiement d’interactions enseignant·e-élève(s) relevant d’une complexité inédite (Joinel Alvarez, 2021). Jusqu’ici en effet, trois modalités principales d’interactions avaient été identifiées dans la littérature (Bressoux, 2002). Dans sa classe, l’enseignant·e pouvait s’adresser à un élève, à un sous-groupe d’élèves ou à tous les élèves. Grâce à l’accès au vécu des enseignant·es, nous montrons qu’en situation d’exercice de l’autorité, les enseignant·es sont dans une situation de double adressage dans près d’une interaction sur trois. Autrement dit, dans ces interactions qui impliquent deux destinataires distincts, les enseignant·es s’adressent simultanément, à travers deux canaux de communication différents (verbaux ou non verbaux), directement ou indirectement et de manière subie ou choisie à plusieurs élèves ou groupes d’élèves considérés distinctement. Ce résultat inédit démontre l’importance de combiner les traces vidéoscopiques des séquences de classe avec l’explicitation du vécu par les enseignant·es lors d’entretiens d’autoconfrontation pour rendre visible toute la complexité des interactions se déployant dans la classe.