Dans le cadre de notre recherche doctorale sur le journal de bord, nous considérons ce qui amène certain·es enseignant·es à s’y engager et les effets qu’ils·elles reconnaissent à cette écriture. Notre intention de comprendre leur activité s’est tournée vers trois approches valorisant l’exploration de la subjectivité : approche biographique, entretien d’explicitation et analyse de l’activité (Tschopp Rywalski, 2019).

Notre communication veillera à répondre à deux questions :
1. D’un point de vue méthodologique, qu’apportent ces démarches de recherches à la compréhension de l’activité complexe étudiée ?
L’utilisation de deux formes d’entretien visant la parole en première personne et le recours aux traces conduit à des apports et des limites.
- Que dire du mixage de l’entretien biographique (Dominicé, 2007 ; Delory-Momberger, 2014) et de l’entretien d’explicitation (Vermersch, 1994) et de décryptage de sens (Faingold, 2004)?;
- Que penser de l’association de l’entretien d’explicitation à une trace de l’activité choisie par la personne dans son journal et correspondant à ce moment?
De manière anticipée au recueil de données (Tschopp, 2019), nous avons conçu cette méthodologie de recherche. Un retour sur l’expérience conduite permettra un autre regard sur ce design de recherche.

2. Dans le cadre de l’entretien d’explicitation, que produit cette rencontre entre mémoire d’évocation et mémoire « sédimentée » par une trace?
Lors du second entretien, celui d’explicitation, une mémoire d’évocation est visée et confrontée à une trace de l’activité.
- « La technique de l’intention éveillante » (Vermersch, 2020, p. 1) suscite un « éveil involontaire » (p. 2). L’invitation à « laisser revenir » amène « tout ce qui s’est enregistré en moi sans que j’aie eu la volonté de le faire » (p. 2). Au moment de l’évocation, le sujet décrit la situation comme s’il ou elle la vivait.
- La trace de l’activité d’écriture, disponible pour le sujet, rend possible sa consultation volontaire de cette mémoire présentifiée. Cette trace donne accès à d’autres informations du vécu passé et rend envisageable la vérification de ce qui est en train d’être verbalisé.
Nous reconnaissons là deux formes de mémoire ou d’attention : évocation, « mémorisation passive » (Vermersch, 2015, p. 41), «involontaire» (p. 43) pour l’une et démarche active, volontaire pour l’autre. Nous montrerons des apports et des empêchements de ces formes différentes d’accès à «l’expérience subjective» (Cahour et al., 2020, p. 10) à la description du vécu singulier.

Mots clés : recherche, méthode, approche biographique, analyse de l’activité, mémoire