Notre communication traitera en articulation deux enjeux du développement d’une perspective inclusive de l’éducation et des institutions qui en sont chargées. Le premier concerne l’objet de recherche, qui conçoit l’évaluation comme un outil d’inclusion scolaire. Le deuxième concerne la méthode de recherche partenariale déployée pour aboutir à des savoir-enseigner dans la perspective de l’école inclusive.

Concernant le premier enjeu, nous exposerons brièvement la conception que nous adoptons de l’évaluation comme un outil pédagogique (Broadfoot et al., 1999) et comme une stratégie de différenciation pédagogique qui implique les élèves dans les démarches d’évaluation des apprentissages et favorise ainsi leur autorégulation. Nous montrerons comment nous l’utilisons concrètement dans une classe primaire vaudoise (Suisse romande) de 7-8ème années (les élèves ont entre 10 et 12 ans), pour soutenir les apprentissages (Laveault & Allal, 2016) de tous les élèves autour de la production écrite en français. A partir de cette expérience, nous questionnerons et, à la fois, mettrons en évidence comment l’évaluation peut contribuer à rendre l’accès aux apprentissages plus égalitaire, en corroborant d’autres travaux qui situent l’évaluation comme un élément-clé de la différenciation pédagogique (Allal, 2017) et de l’inclusion scolaire.

Concernant le deuxième enjeu, nous utiliserons les clés d’analyse des recherches-actions collaboratives (Les chercheurs ignorants, 2015) pour présenter notre pratique de recherche partenariale, incluant une enseignante expérimentée dans le travail de recherche scientifique et une chercheure dans le travail d’enseignement. En nous appuyant sur la dialectique entre faire et connaître (Dewey, cité par Zask, 2015), nous tentons d’identifier et de décrire des savoir-enseigner en usage, à partir des nombreuses difficultés que nous rencontrons dans nos tentatives de modifier les rapports hiérarchiques entre l’enseignante et ses élèves et d’impliquer davantage ces derniers dans l’évaluation de leurs apprentissages. Nous cherchons à identifier et à décrire ces savoirs à partir de notre expérience dans un établissement scolaire vaudois. Nous essayons de relier les difficultés rencontrées à des résistances que nous percevons envers une école plus inclusive, et découlant des prescriptions institutionnelles parfois contradictoires du travail enseignant, mais aussi des habitudes et de la forme scolaire d’éducation.
Nous pensons qu’en essayant de transformer ensemble des aspects d’une pratique scolaire comme l’évaluation, qui soulèvent des interrogations, nous pourrons décliner les composantes des savoirs en usage sur l’enseignement-apprentissage dans une école à visée inclusive.