L’accès à la profession enseignante pour des personnes issues de la migration, du moins au primaire, est relativement récent et peu étudié en Suisse. Le but de cette étude est ainsi de chercher à connaître mieux cette population, et de mettre en évidence ses éventuelles spécificités.

Notre objectif est double. D’une part, après avoir opéré une catégorisation des répondant·e· en fonction de leur statut migratoire (Kristensen, 2017) et avoir pris en compte le niveau de formation de leurs parents, nous cherchons à voir si l’accès à la profession enseignante peut être assimilé à un phénomène transclasse (Jaquet, 2014) et, le cas échéant, si des différences sont constatables entre personnes issues de la migration et population majoritaire. En second lieu, nous interrogeons la perception de la formation à l’enseignement des enseignant·e·s afin de mettre en évidence le lien entre le degré de satisfaction vis-à-vis de leur formation et leur statut migratoire.

Les données sont issues de la recherche INSERCH qui s'intéresse à l’insertion professionnelle des jeunes diplômé·e·s des cantons romands et Tessin. L’échantillon est composé de 896 enseignant·e·s intérrogé·e·s en 2020 et 2021, un an après l’obtention de leur diplôme.

Les résultats montrent une association significative entre statut migratoire et niveau de formation des parents. Nos résultats montrent une surreprésentation d’un niveau de formation universitaire pour les enseignants primaires issus de la migration de 1ère génération alors que les parents sans formation post-obligatoire sont surreprésentés chez les enseignants issus de la 2ème génération de migration. Chez les enseignants du secondaire issus de la 1ère génération de migration, nous constatons une surreprésentation de parents sans formation post-obligatoire mais également de parents diplômés l’enseignement supérieur.

En lien avec le deuxième objectif de la recherche, nous avons pu mettre en évidence que les enseignants issus de la migration de 1ère génération se montrent les plus positifs vis-à-vis de leur formation, suivis par ceux issus de la 2ème génération puis des enseignants non-issus de la migration.

Au travers de la discussion des résultats, nous mettrons en évidence que l’ascension sociale, manifeste pour une partie des enseignants issus de la migration, peut laisser penser que ces professionnels pourraient être à même d’avoir un rôle s’approchant du role model (Villegas & Irvine, 2010) auprès des élèves issus de la migration. Par ailleurs, nous mettrons en lien certains résultats avec l’histoire migratoire ou encore avec le temps nécessaire au processus d’intégration sociale des familles issues de la migration.