L'évaluation des compétences en enseignement des étudiants en stage est un problème ardu (André, 2013). L'absence de consensus des chercheurs sur les bonnes pratiques décontextualisées (Darling-Hammond, Wise, & Klein, 1999 ; Dumay, 2011), la variation des contextes des stages en sont quelques écueils. Ces questions mettent en évidence la difficulté à formuler des repères pour asseoir une évaluation des pratiques, lorsqu'il s'agit, par exemple, d'évaluer un étudiant en stage lors de sa formation à l'enseignement. Comment s'y prennent les évaluateurs, en l'occurrence les praticiens formateurs de la HEP Vaud, pour passer des références proposées (référentiel de compétences, documents d'évaluation) à l'activité de l'étudiant en stage, et vice-versa ? Quelles sont le cas échéant les autres références mobilisées ?
Nous présenterons les résultats d'une recherche menée dans le contexte de la HEP Vaud. Le corpus est constitué de 248 bilans de praticiens formateurs, recueillis à l'issue de leur formation " en emploi ", et contenant 437 énoncés retenus relatifs à l'évaluation des étudiants en stage dans leur classe. Le corpus a fait l'objet d'une analyse de discours, dont nous présentons les résultats en relation avec notre question.
Ces résultats font l'objet d'une conceptualisation permettant de synthétiser le processus de l'évaluation dans le contexte étudié, conceptualisation qui mobilise la notion de traduction. Dans l'activité évaluative, chaque étape identifiée du processus voit se transformer l'information, tant dans sa forme que dans son contenu, pour passer de l'activité menée par le stagiaire à un symbole, lettre ou chiffre, synthétisant le niveau de la performance. En mobilisant ce concept de traduction, cette approche permet de passer d'une problématisation centrée sur la recherche d'objectivité, courante, mais peu intéressante (Gérard, 2002 ; Weiss, 1986) à celle centrée sur la traçabilité, c'est-à-dire la capacité de l'évaluateur à lier et relier son évaluation à ses multiples déterminants.