Différents travaux se sont déjà penchés sur l’objet en contexte de formation et ont ainsi pu rendre compte des différents rapports entre acteurs, objets et activités. Ces recherches pointent les transformations conjointes entre individus, artefacts et usages, tout en mesurant les effets sur les apprentissages. Ces travaux ont également mis en évidence l’influence des artefacts sur les processus cognitifs ainsi que sur les ajustements physiques et comportementaux. Cet ouvrage collectif prolonge ces constats antérieurs tout en singularisant son approche en l’orientant sur la pensée des acteurs mobilisée au sein des activités de conception d’artefacts en contexte de formation.
Qu’il soit conçu comme un environnement favorisant les apprentissages, un dispositif de formation ou un scénario pédagogique, l’artefact est abordé dans cet ouvrage en tant que trace de la pensée humaine, voire comme un amplificateur de cette même pensée. L’artefact est également questionné dans plusieurs chapitres du point de vue de l’activité cognitive qu’il mobilise au moment des activités de conception et de conceptualisation. Penser, imaginer et créer des artefacts consiste en effet à entrer dans une logique d’anticipation, de gestion de contraintes et de création d’hypothèses. En effet, qu’il soit destiné à modifier l’activité enseignante du point de vue de la planification ou dans la manière d’accompagner l’apprenant dans sa recherche d’idées en contexte d’apprentissage, l’artefact permet de soutenir l’activité cognitive. Il renvoie également à une activité physique où les acteurs se confrontent à la complexité du réel et à ses contraintes. Par sa spécificité à cristalliser l’activité humaine, l’artefact amène les acteurs de la formation, concepteurs ou usagers, à accéder à la densité des savoirs qu’il contient et qu’il présuppose. Aussi, il est nécessaire que les acteurs de la formation investiguent ces traces issues des productions du passé pour mieux comprendre les usages présents et ceux à venir.