Depuis 2011, la loi scolaire vaudoise LEO prescrit aux enseignants de différencier leur enseignement pour le rendre accessible à tous les élèves. Dans ce contexte, l’éducation physique et sportive (EPS) se prête particulièrement à la différenciation, puisque l’évaluation chiffrée et promotionnelle n’y est pas présente, favorisant la prise en compte de la diversité des élèves. La littérature met en avant que le vécu des enseignants novices (EN) est soumis à des variations émotionnelles importantes (Hascher & Hagenauer, 2016) liées au choc de la réalité (De Mauro & Jennings, 2016), notamment au contact d’élèves à besoins spécifiques (EBS).
Cette recherche, composée de deux études, vise à comprendre le développement de l’activité d’enseignants novices (EN) d’EPS à partir de situations émotionnellement marquantes, provenant d’EBS. La première étude a eu pour but de dessiner une topographie des situations émotionnellement marquantes auprès de 139 EN en EPS, à partir d’un questionnaire qualitatif (chaque EN en rapportant deux, n=278) dont les données ont été traitées de façon inductive pour en établir des catégories. La deuxième étude, clinique, auprès de cinq EN au cours d’une année, a cherché à comprendre la part subjective du métier qui freine ou favorise le développement de leur activité, à l’épreuve de ces situations émotionnellement marquantes en lien avec les EBS, lorsque les EN sont affectés. Les résultats montrent qu’ils vivent de nombreuses situations émotionnellement marquantes, en majorité à valence négative, et induisant, dans une proportion importante, une émotion de surprise. L’effet de la majorité des situations vécues en lien avec l’inclusion d’EBS est positif sur la suite de l’activité des novices, même si sur le moment un sentiment d’impuissance se dessine parfois. Les résultats ouvrent des pistes concernant les dispositifs actuels de la formation par alternance, notamment par une prise en compte de la dimension subjective du métier dans la formation, particulièrement lorsque des EBS sont impliqués.